« Les quatre saisons »

Les premiers fragments de notre série sont imaginés par Laurent. Les mouvements qu’il a choisis rappellent ceux d’une symphonie … ou de concertos ! Bonne lecture !

Les quatre saisons

L’automne

La pluie avait cessé. Elle vit arriver les hommes du bout de la rue. Elle réfléchit quelques secondes et se mit à courir en direction de la place. C’était les mêmes hommes qui l’avaient molesté tout à l’heure à la gare. Dans le noir de la nuit, elle ne vit pas un carton qui traînait sur les feuilles mortes le long du trottoir et tomba de tout son long. Elle se releva aussi vite qu’elle le put et continua à courir, se frottant sa joue meurtrie.

Le vent soufflait et sifflait dans les branches qui ployaient sous l’attaque. Au pied des grands arbres, les herbes se couchaient sur le sol. Soudain, le vent devint tempête et se déchaîna. Les grands chênes, statiques et stoïques jusque-là, commençaient à trembler alors que les roseaux, au bord de la rivière, se mirent à danser de plus en plus vite, peu à peu noyés par la montée de l’eau.

L’hiver

Il neigeait depuis le matin sur la ville. Heureusement, il avait pensé à prendre son parapluie pour se protéger des flocons et de leur froideur. Mais un fort vent s’était levé et n’arrêtait pas de le retourner. Il devait continuellement le remettre à l’endroit alors que le vent n’arrêtait pas de changer de direction. Ce qui l’obligeait à tourner continuellement la tête pour éviter la glaciale charge blanche. 

Le printemps

Le temps avait viré au beau. Les feuilles avaient poussé sur les arbres, les fleurs faisaient leur grand retour. L’air était neuf et transportait toutes les senteurs du printemps.

Les insectes, de sortie, butinaient un peu partout, bourdonnant, stridulant, s’égosillant. Mais ils terminaient souvent leur course dans le bec des oiseaux.

Ces derniers s’étaient passé le mot et se livraient dans le ciel à un gigantesque ballet chantant. Les hirondelles, elles aussi de retour, s’égayaient en criant dans tous les sens ou gazouillaient sur les fils électriques. De leur côté, les moineaux piaillaient en batifolant d’un arbre à l’autre. Les pigeons roucoulaient avant de s’élancer dans un claquement d’ailes pour se poser quelques minutes plus tard. Les mouettes planaient en criant ou en riant, prêtes à piquer vers le sol pour trouver de la nourriture.

Le ballet se poursuivait sur le lac. Majestueux, les cygnes blancs et noirs faisaient en silence de grands méandres sur l’eau, s’arrêtant parfois pour manifester un mécontentement quelconque en battant des ailes. Les canards, eux, barbotaient joyeusement en cancanant, suivis de leur marmaille docile. Au milieu, les poules d’eau, plus petites et plus farouches, gloussaient discrètement avant de chiper le pain lancé par des enfants.

Au loin, aigrettes et hérons, dressés sur une seule patte, observaient tout ce petit monde avant de s’élancer avec grâce dans le ciel en lançant un cri bref. Parfois, quelques cigognes passaient par là avant de retourner se reposer dans leur nid perché en hauteur et commencer un concert de claquettes avec leur bec.

L’été

Depuis que le soleil était revenu, la chaleur et la lumière aveuglante écrasaient tout : les humains, les maisons, les paysages, les arbres… Tout semblait fondu en une seule et même masse. Quelques arbres et buissons squelettiques émergeaient encore de cette masse informe. Un mince filet d’eau brunâtre coulait encore dans la rivière, si tempétueuse d’ordinaire. La vie tournait au ralenti.

On avait l’impression d’évoluer à tâtons dans un brouillard tels des automates. Plus rien n’avait d’importance. On n’avait plus qu’une seule pensée : s’arrêter, se réfugier dans une ombre quelconque et boire. Boire quand on parvenait à trouver de l’eau.

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