Lundi soir, Carole Prieur va nous rejoindre pour une nouvelle saison d’écriture. C’est elle qui, cette année, va animer les ateliers d’A Mots croisés, nous guider, nous accompagner vers de nouveaux chemins d’écriture. A la fois impatients et curieux, nous sommes allés à sa rencontre pour lui souhaiter la bienvenue parmi nous, mais aussi pour échanger avec elle sur son parcours, sur ses projets en général … et avec nous !
D’où vient votre amour des mots, de l’écriture ?
Il n’y a pas qu’une seule réponse à cette question et sans doute y a-t-il des réponses encore insoupçonnées même par moi ! J’ai commencé à écrire dès l’âge de 11 ans. Je lisais beaucoup et j’adorais les histoires que les livres me racontaient. Très naturellement j’ai voulu en raconter. Comme je m’ennuyais souvent et comme la parole ne circulait pas beaucoup dans ma famille, je me suis retrouvée face à un journal intime que l’on m’avait offert et j’ai commencé à parler de ce que je vivais mais j’ai très vite transformé l’écrit intime en poésies et en fictions. Je n’ai jamais été à l’aise avec l’écriture autobiographique. J’ai donc commencé à écrire des histoires qui ont rempli mes tiroirs. Je n’ai jamais arrêté d’écrire (sauf pendant certaines périodes mais l’écriture revient toujours). Quand j’ai eu à faire un choix professionnel après avoir fait des études et avoir exercé un métier, je me suis dit que l’écriture était la chose la plus ancienne que je pratiquais et qui me poursuivait et je me suis décidée à lui laisser la place qu’elle méritait. C’est donc principalement le besoin de passer par la fiction pour décrypter « la vie » le moteur de mon écriture.
Quel chemin vous a mené à l’animation d’ateliers d’écriture ?
Écrire et être publiée ne permet pas de vivre, n’est pas rentable financièrement (à moins d’être une Annie Ernaux…). J’ai donc cherché (et je cherche encore) des moyens d’utiliser ce savoir-faire pour augmenter mes revenus et me permettre de continuer à écrire. Donc au départ il y a l’aspect économique mais je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir à transmettre, à aimer voir la fierté des adultes et des enfants quand ils réussissent à écrire un texte qui leur plait et qui plait aux autres, à aimer imaginer des consignes, à co-construire des projets avec les structures qui m’engagent. Je suis donc devenue « militante » : je trouve essentiel que chacun.e trouve son moyen d’expression, et que l’écriture redevienne un plaisir, un jeu. Et j’aime particulièrement que l’écriture envahisse l’espace public, vienne surprendre les passants.
Qu’est-ce qu’un atelier d’écriture réussi selon vous ?
Une consigne qui mette au défi l’écrivant.e, la découverte de domaines d’écriture vers lesquels l’écrivant.e n’irait pas spontanément et qui vont lui permettre d’affirmer son style, s’interroger sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas dans un texte, garantir le plaisir, permettre la liberté, d’oser. Évidemment quand ça se fait dans un groupe où l’échange est joyeux, c’est encore mieux mais ça ne se décide pas.
Comment envisagez-vous la saison 2023-2024 avec À Mots croisés ?
J’espère qu’elle répondra à la question précédente ! Je n’ai pas encore vraiment réfléchi au parcours que je proposerai à vrai dire et il faut des surprises ! Mais de plus en plus j’aime qu’il y ait un ou des fils rouges.
Vous écrivez ? Depuis longtemps ?
Depuis l’âge de 11 ans. Je suis passée par la poésie, les brèves, les nouvelles, pour enfin me trouver dans le roman, le théâtre et les paroles de chansons. Mais je suis partante pour découvrir d’autres formes d’écriture. Par exemple, je vais me former au podcast à la rentrée prochaine !
Avez-vous des projets d’écriture ? En cours ? En rêve ?
Un roman en tête, une pièce de théâtre commencée que j’aimerais terminer, et des projets de création pour lesquels je dois trouver des financements.
Quel est votre mot préféré ? Vos mots préférés ? Ceux qui résonnent plus particulièrement en vous ?
C’est impossible de choisir ! Mais souvent les mots me surprennent : je cherche leur définition dans le dictionnaire et je m’aperçois que la définition que je m’en faisais est un peu à côté de la plaque ! On est sans arrêt en train de marcher sur un fil avec les mots, on pense que l’autre va être sensible à un terme et finalement pour l’autre ça n’a pas la même résonnance ! Il faudrait peut-être accorder nos mots comme on accorde un piano !
Un mot à ajouter ? Un message à faire passer ?
Je pense qu’écrire, c’est d’abord observer. Profitez de la pause estivale pour parfois vous arrêter et ne faire que cela : observer les gens et ce qui vous environne. Ça surgira peut-être dans vos futurs écrits.
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En savoir plus
Carole Prieur partage son activité d’autrice entre théâtre, littérature jeunesse et chansons.
Côté théâtre, elle collabore avec des compagnies de théâtre de rue ou de salle pour imaginer des projets sur-mesure, co-construits avec l’équipe artistique, ou bien écrit ses propres spectacles qu’elle propose ensuite à des équipes. Certaines de ses pièces sont publiées chez Lansman ou BoD. Elle a reçu le prix d’écriture théâtrale de la presqu’île de Guérande pour sa dernière pièce « Nous sommes les seul-es à vous attendre ».
Côté romans, elle publie des romans pour adolescents, des récits pour les enfants chez différents éditeurs (Rageot, Le Verger des Hespérides, Lito, Averbode…).
Parallèlement à ces activités d’écriture, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture autour de ses écrits ou sur des thématiques, auprès de tous âges (enfants, jeunes, adultes, seniors), dans diverses structures : théâtres, centres culturels, centres sociaux, médiathèques, établissements scolaires…
Vous pouvez suivre ses actualités sur son site
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