Regardez les branches
Comme elles sont blanches !
Il neige des fleurs.
Théophile Gautier
Le 20 mars, le jour même de l’arrivée officielle du printemps, la Villa Garlande, une maison de retraite à Bagneux, a invité Annie, intervenante d’A Mots croisés, à proposer une animation d’écriture à un petit groupe de résidents. L’idée était de permettre d’ouvrir les imaginaires, d’explorer les émotions, de poser des mots, de vivre une parenthèse poétique sur ce sujet, source d’inspiration éternelle pour de nombreux poètes, écrivains, compositeurs, artistes.
Impossible de parler de cette saison sans ré-écouter un extrait du Printemps de Vivaldi ! Après cette parenthèse musicale, Annie a invité Christine, Christiane, Jeanne, Josiane, Marisol, Odile, Thérèse à poser des mots en toute liberté sur le printemps, à se remémorer des souvenirs, des instants de vie…
À noter que les participantes – âgées de 73 à 102 ans ! – ont eu, tout au long de leur vie, un lien très fort avec la nature, certaines d’entre elles ayant habité à la campagne, dans les Ardennes, le Loiret, l’Aube, etc.
A suivre leurs récits et témoignages, hauts en couleurs et riches en poésie !
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La Villa Garlande https://www.emeis.fr/maison-de-retraite-villa-garlande-bagneux-92
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Ré-écouter le « Printemps », extrait de « Les Quatre Saisons », chef d’œuvre d’Antonio Vivaldi : https://youtu.be/BYUASTjanyQ?si=MGAZo1NcJdB4EyyX
Rappelons que cette œuvre est accompagnée de quatre sonnets attribués à Vivaldi décrivant le déroulement des saisons. Sur la partition, le compositeur précise les correspondances avec les poèmes, explicitant même certains détails (aboiements de chien, noms d’oiseaux : coucou, tourterelle, pinson…)
Allegro
Voici le Printemps,
Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux.
Et les fontaines, au souffle des zéphyrs,
Jaillissent en un doux murmure.
Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir,
Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage.
Enfin, le calme revenu, les oisillons
Reprennent leur chant mélodieux.
Largo
Et sur le pré fleuri et tendre,
Au doux murmure du feuillage et des herbes,
Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds.
Allegro
Au son festif de la musette
Dansent les nymphes et les bergers,
Sous le brillant firmament du printemps.
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Re-lire d’illustres écrivains :
✍🏻 Victor Hugo, « Notre-Dame de Paris »
On était aux premiers jours de mars (…). C’était une de ces journées de printemps qui ont tant de douceur et de beauté que tout Paris, répandu dans les places et les promenades, les fêtes comme des dimanches. Dans ces jours de clarté, de chaleur et de sérénité, il y a une certaine heure, surtout, où il faut aller admirer le portail de Notre-Dame. C’est le moment où le soleil, déjà incliné vers le couchant, regarde presque en face la cathédrale. Ses rayons, de plus en plus horizontaux, se retirent lentement du pavé de la place, et remontent le long de la façade à pic dont ils font saillir les mille rondes-bosses sur leur ombre, tandis que la grande rose centrale flamboie comme un œil de cyclope enflammé des réverbérations de la forge.
✍🏻 Louis Pergaud, « Le printemps »
Le soleil faisait craquer les derniers et tardifs bourgeons des chênes sous la pression chaude de ses rayons. Les verdures se nuançaient à l’infini.
C’était une symphonie de couleurs allant du cri violent des verts aux pâleurs mièvres des rameaux inférieurs, dont les feuilles tendres, aux épidermes délicats et ténus n’avaient pas encore reçu le baptême ardent de la pleine lumière, bu la lampée d’or des rayons chauds, car leur oblique courant n’avait pu combler jusqu’alors que les lisières privilégiées et les faîtes victorieux.
Mais ce jour-là, une vie multiple et grouillante, végétale et animale, sourdait de partout, des crépitements des insectes et du chant des oiseaux à l’éclatement des bourgeons et au gonflement des rameaux, craquant dans l’air vibrant comme des muscles qui s’essaient.
✍🏻 Arthur Rimbaud
Salut, c’est le printemps !
C’est l’ange de tendresse !
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