C’est avec grand plaisir que nous allons partager, ces prochains jours, les vidéos de la mise en voix ou mise en vie (!) par Olivier Louise, comédien, des « Histoires de libraires » imaginées par Carmen, Elisa, Jean-François, Annie et Margareth, lors d’un atelier d’A Mots croisés au Bazar utopique !
Nous démarrons la mise en ligne avec la vidéo « La Boutique », récit imaginé par Jean-François ! Vous pourrez lire le texte en bas de page.
À l’issue de la lecture, Virginie Louise, présidente de l’association, qui animait la soirée, a notamment rebondi sur le texte qui pose la question : « C’est quoi un livre ? » Interrogés, Amandine et Eric ont ainsi décrit leur rapport aux livres.
Amandine : « Le livre, c’est la promesse d’une aventure. Pour les romans, c’est découvrir un univers, un personnage. Vivre un instant de vie qui n’est pas la mienne. Se projeter. Pour les essais, c’est la promesse de se nourrir, d’apprendre, d’évoluer, d’élargir ses connaissances. »
Éric : « Les livres, c’est aller vers l’imaginaire, vers autre chose. C’est un peu comme une marche vers l’inconnu. On ne s’ennuie jamais !»
Nos libraires ont expliqué lire à minima un roman par semaine chacun. Puis, ils ont retracé les grandes lignes du chemin qui les a mené jusqu’à l’ouverture de la librairie en septembre 2022. Aujourd’hui, le Bazar utopique propose 10.000 titres dont « Soixante kilos de soleil » déniché par Jean-François, lors de l’atelier d’écriture.
Visionner la vidéo
La boutique
Par Jean-François Games
Comme elle est étrange cette boutique ! Les gens semblent plutôt hagards, sont-ils des clients ? Ils regardent étrangement les rayons, s’interrogent quant à la marchandise disponible. C’est curieux, ils osent à peine y toucher ou alors ils saisissent les objets, les retournent, les ouvrent, les fixent un long moment, les referment et les posent. Puis, ils reprennent un autre objet et recommencent le rituel. Quel bazar dans ces étagères où le peu de clients tripotent les objets très colorés sur lesquels on observe des inscriptions diverses : « Chambres séparées », « Soixante kilos de soleil ».
Tiens, qu’est-ce que cela peut être « Soixante kilos de soleil ». Ils vendent des morceaux de soleil, ici ? C’est bien étrange ! Et soixante kilos, un si petit objet ? Serait-ce une arnaque ? Bon, où sont les vendeurs ? Ah, ce doit être ce monsieur à l’air béat et rêveur qui m’observe, j’ai l’impression qu’il se demande ce que je suis venu faire ici.
− Bonjour Monsieur !
− Bonjour, je peux vous aider ?
− Apparemment vous avez des morceaux de soleil, là sur l’étagère ? Vous en vendez ?
− Des morceaux de soleil ?
Cette fois, il a l’air interloqué.
− Oui, là, vous avez un paquet écrit dessus « Soixante kilos de soleil ».
− Ah, je vois ! Ici, Monsieur, on vend des livres et « Soixante kilos de soleil », c’est le titre du livre.
− Un livre, c’est quoi ? Qu’est-ce que c’est ?
− Vous ne savez pas ce qu’est un livre ? Pourtant, vous savez lire ?
− Bien sûr, je sais lire.
Décidément ce type, comme stupéfait, me considère avec curiosité.
− Et, alors ? C’est quoi un livre ?
− Après réflexion, je peux vous dire que c’est une fenêtre sur le monde et ce qui l’habite.
− Hmm !
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« Soixante kilos de soleil « , Hallgrímur Helgason
Gallimard, 562 pages, ISBN 978-2-07-287313-3
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