Poursuivons le partage des vidéos de la mise en voix ou la mise en vie (!) par Olivier Louise, comédien, des « Histoires de libraires » imaginées par Carmen, Elisa, Jean-François, Annie et Margareth, lors d’un atelier d’A Mots croisés au Bazar utopique ! Cette fois avec Elisa qui aborde l’écriture d’un fragment de vie d’un libraire, sous un autre angle. Vous pourrez retrouver son texte en bas de page.
À l’issue de la lecture, Virginie Louise, présidente de l’association, qui animait la soirée, a notamment rebondi sur le texte où le client exprimait toute sa détresse face à un poème disparu de sa mémoire et interrogé Éric sur les habitudes de la clientèle.
Éric : « Beaucoup de gens viennent avec des idées très précises, ils ont découpé dans le journal la référence du livre. Nombreux sont ceux qui n’ont pas le titre, ni le nom de l’auteur, ils pensent qu’il est français mais il est anglais, ils pensent qu’il vient de paraître, mais en fait, le livre n’est pas encore sorti !
Il y a ceux qui veulent faire un cadeau et qui ne savent pas trop. Il faut alors beaucoup échanger pour trouver quelque chose qui corresponde. Et, c’est très bien ainsi que les gens ne savent pas. On est là pour cela ! Pour les aider, les conseiller ! »
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« Mot après mot, le sang s’écoule »
Par Elisa Guizouarn
Mais, Monsieur, j’ai bien vu que des clients font la queue derrière moi, mais vous conviendrez que mon cas est véritablement plus important. Cela fait douze ans que je suis après ce poème, tout de même ! Douze ans que je suis en quête, douze ans qu’il me hante.
Je l’avais appris par cœur et il m’accompagnait partout, comme un chien fidèle et merveilleux dont on découvre de nouvelles facettes à chaque instant, qui sublime nos moments de bonheur et allège le poids de cet immonde rouleau compresseur qu’on appelle “le temps qui passe”.
Mais le voilà, justement, le nœud du problème. Le temps passe ; le chien vieillit et meurt petit à petit. Mon poème aussi, il disparaît petit à petit de ma mémoire. Il ne m’en reste que quelques bribes… Un chariot doré… le chiffre sept… C’était un poète beatnik… Le tout avec un rythme bien marqué, bien scandé…
Vous voyez, j’oublie, j’oublie chaque jour un peu plus, et que restera-t-il de moi quand je n’aurai de ce poème plus que l’ombre de son souvenir ? Il s’agit là d’une question vitale que je vous pose, monsieur le libraire et, je vous en supplie, ne vous rendez pas coupable de non-assistance à personne en danger en me tournant le dos !
Aidez-moi ! Retrouvez-moi ce poème, qui me maintient en vie et qui s’échappe, mot par mot, depuis douze longues années !
Si ce n’est pas vous, Monsieur, qui m’aidez à stopper cette hémorragie, alors qui le fera ?
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