« Comment puis-je oublier »

Deuxième valse des mots avec une histoire imaginée par Jean-François pour la scène 1, Francine pour la scène 2 et Carole T. pour la scène 3. Légère différence avec le Bal Littéraire, Carole Prieur, intervenante d’A Mots croisés, propose de finir notre texte avec la première phrase de la chanson.

Nous avons partagé, hier, le récit de Jean-François, qui s’appuyait sur la chanson de Ralph Thamar, « Exil ». Aujourd’hui, la suite est signée Francine avec « A nos souvenirs »  de Trois Cafés Gourmands. Elle devait donc terminer son texte par la première phrase de la chanson : « Comment puis-je oublier ». Demain, vous découvrirez l’épilogue du récit avec Carole, inspirée par « Tombé du ciel »  de Jacques Higelin.

Nous vous souhaitons bonne lecture et … bon bal, si vous mettez la musique ! 

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« À nos souvenirs »  de Trois Cafés Gourmands (2018) –  Paroles et musiques : Sébastien Gourseyrol 

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Pauline avance dans la longue allée gravillonnée. Aucune lumière ne vient donner vie à l’édifice. Les rayons de la lune font ressortir les pierres blanches dans le noir de cette nuit d’été. A pas feutrés, elle monte la volée de marches qui l’amène à la porte d’entrée en bois peint vert bouteille. De son sac à dos , elle sort le matériel pour ouvrir la simple serrure. Avec un sourire aux lèvres elle pense « un vrai jeu d’enfant ! »

Elle pousse la porte, entre dans le vestibule. Le rayon lumineux de sa torche lui fait découvrir le sol de carreaux vieillot, balaie les murs de pierres où sont pendues des photos de la demeure avec ses vignes autour et ses propriétaires successifs, fait luire un lustre en cristal. Elle a le sentiment de déjà-vu. 

Elle entre dans la pièce à droite. Grande avec un haut plafond en staff, une cheminée imposante en marbre blanc, un canapé d’angle en velours gris, une table basse en chêne ciré, un immense bahut bas en chêne aussi. Dessus sont posés des vases de Vallauris d’où sortent des glaïeuls fraîchement cueillis. Il y a de quoi faire de bonnes affaires dans cette maison.

Elle s’approche, par curiosité, de la cheminée et regarde une à une les photos de famille qui trônent, bien rangées par ordre chronologique. Son attention est retenue par l’une d’elle. Surprise, elle se reconnaît. Elle a environ sept ans et un garçon la tient par l’épaule. Ses souvenirs lui reviennent en bloc, lui c’est Charles-Henry, le camarade de jeux de son enfance heureuse avant la perte de ses parents. Les images défilent dans son esprit : les  courses poursuites dans le parc, les parties de cache-cache dans la grande maison, les lectures de bandes dessinées dans la bibliothèque, ses cours de danse où elle lui servait de cavalière, ses cours de piano où elle était son seul public.

Elle réagit et reprend ses esprits, elle n’est pas venue pour rêvasser. Elle traverse la pièce, puis le couloir et entre dans le bureau. Il est là, derrière le bureau avec des papiers bien rangés en petit tas et l’ordinateur portable fermé, crânant de toute sa froideur métallique. Mais elle, elle saura le faire s’ouvrir et il lui donnera tous ses trésors. Elle fait tourner lentement le cadran du vieux coffre, son oreille collée sur l’acier froid. Elle connaît bien le déclic libérant le mécanisme. Un, puis un autre, un troisième et enfin le dernier. Elle fait pivoter la poignée et enfin la lourde porte s’ouvre. Elle ouvre les boîtes de carton et de velours contenant les bijoux pour les admirer et les dispose son sac à dos. Les tas de coupures d’euros les rejoignent. Une dernière poignée de papier-monnaie à la main, un flash de souvenir lui arrive ; debout devant le coffre-fort, Monsieur de la Faisanderie, une liasse de billets de banque dans la main, la regarde méchamment en lui lançant : « Qu’est-ce que tu fais là, sale gamine ? Allez, oust, je ne veux plus te voir ! Va retrouver tes parents ! »

Comment puis-je oublier.

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