« Point final »

Cette année encore, À Mots croisés s’est rendu au Plus Petit Cirque du Monde pour assister à la représentation de « À tout rompre » de la Compagnie WAS. Pourquoi ? Parce que c’est l’ADN de notre association de créer des passerelles entre l’écriture et d’autres domaines artistiques comme le cirque, le théâtre, etc. 

Le spectacle a servi de mise en bouche à l’écriture sur la question de la rupture. Annie d’A Mots croisés a invité Carmen, Danielle, Francine et Jean-François – tous aussi enthousiasmés par le spectacle – à imaginer une histoire de rupture, à partir de plusieurs propositions d’écriture.  

À suivre le récit de Danielle ! Bonne lecture !

Point final 

Voilà, c’est le point de non retour. Après sept ans d’une relation insatisfaisante, Anne a décidé d’y mettre un terme. Elle n’est pas malheureuse, mais elle n’est pas non plus heureuse. Et la vie est trop courte pour la vivre à moitié.

Alors, ce mercredi 14 juillet, à 6 h du matin, elle s’assied à sa table, choisit un beau papier à lettre, sort son stylo-plume Montblanc et commence à écrire :

« Chère Christine,

Cela fait sept ans que tu es entrée dans ma vie. Je t’ai rencontrée, par hasard, au détour d’une rue. Tu étais en compagnie de B. une connaissance commune. Nous avons bu un café, puis sympathisé, en nous promettant de nous revoir.

Je n’y croyais guère, car je n’avais jamais vécu une histoire d’amour avec une personne qui habitait la même ville que moi. Et pourtant, après quelques mois d’une approche douce, nos vies se sont entremêlées.

Nous n’avons partagé que deux fois des vacances communes en été, ce qui est peu, tu ne peux le contester. Et que dire de ces week-ends où tu arrivais chez moi vers 20 h le samedi, pour repartir le dimanche à 17 h ! C’était pratique pour toi, tu n’avais plus qu’à te mettre les pieds sous la table, car les courses étaient faites, et le repas préparé.

J’aurais aimé que nous partagions plus de moments. Jamais tu n’as voulu venir avec moi dans ma famille, et moi je ne connais toujours pas la tienne. Maintenant, je ne la connaîtrai jamais. Je sais que pour toi c’est difficile d’aimer une femme au grand jour. Mais nous sommes au 21ème siècle, et la société a évolué. Chacun, chacune a droit à sa forme de bonheur.

J’ai aimé ces trop rares instants partagés. Merci de la découverte du golf, que sans toi je n’aurais jamais connu. Merci de m’avoir fait découvrir le délicieux vin de Bordeaux que ton père élabore avec passion.

Je te souhaite d’être heureuse, et d’assumer un jour qui tu es vraiment. Je crois que c’est le plus beau cadeau que tu puisses te faire.

Je ne suis pas en colère, un peu triste seulement. Nous aurions pu vivre autre chose…

Bon vent, Chère Christine, tu resteras à jamais dans mon cœur. Je t’embrasse,

Anne »

Et pour ne pas changer d’avis, Anne met la lettre dans une enveloppe, chausse ses baskets et file jusqu’à la boîte aux lettres. Une fois l’enveloppe glissée dans la fente, elle se sent libérée d’un grand poids. Maintenant, elle peut boire son thé matinal.

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