Copaca’Bagneux – « À vos mots, prêts, partez ! » par Carmen Ferchault

Cet été sera sportif ! Des Jeux Olympiques aux jeux d’écriture… il n’y a qu’un pas ! Ou plutôt une animation d’A Mots croisés, mercredi 24 juillet 2024 au parc du Puits Saint-Etienne. 

Retrouvailles avec Carmen, écrivante passionnée d’A Mots croisés, qui nous transporte derrière les murs ! 

Nous ne vous en disons pas plus pour vous laisser tout au plaisir de la découverte de son récit. Bonne lecture ! 

Un homme libre

Allongé sur sa couchette inconfortable, les yeux rivés sur le plafond crasseux de la pièce, il attendait que le jour apparaisse. La nuit qui ne lui apportait ni paix, ni repos depuis dix ans, il l’acceptait sans se plaindre. C’était le prix à payer pour avoir commis l’irréparable. La justice avait tranché, trente ans incompressible pour avoir assassiné son père, son bourreau. 

Dès le premier jour de son incarcération, il menait une vie quasi monastique, gardant le silence la plupart du temps, obtempérant aux ordres des gardiens, ne se mêlant pas au reste de la population carcérale. Durant ses longues heures d’enfermement, il méditait sur ce qu’aurait été son existence sans un père violent, alcoolique. Lors des promenades quotidiennes, si la plupart des détenus en profitaient pour organiser des trafics divers et variés, lui courait suivant un parcours qu’il avait mentalement conçu. Il fonçait comme s’il avait la mort aux trousses. Chaque jour, il dépassait ses limites, dépassait sa douleur comme expier ses fautes.

C’était dans l’indifférence générale qu’il courait tant on avait l’habitude de le voir enchaîner les tours de piste dans ce stade improvisé. Pourtant, il finit par attirer l’attention sur lui et ses performances sans cesse repoussées.

Un maton plus observateur que les autres se rendit compte à quel point, il allait vite très vite. Chaque jour, il épiait ce drôle de prisonnier faire exploser le chrono. Puis, il informa la direction du potentiel sportif de l’homme. Un entraîneur fut convié à assister à la performance. Et naquit dans son esprit la folle idée d’une sélection pour les J.O. De toute sa longue carrière, il n’avait vu coureur plus acharné que celui qu’il venait de découvrir. Aujourd’hui, il y voyait de la rage, de la colère, du courage, toutes ces qualités qui font d’un homme ordinaire, un grand champion.

Déjà il l’imaginait sur un podium, une médaille autour du cou, entendre l’hymne national national la main sur le cœur et des larmes de joie sur son visage taillé à la serpe. Mais les songes s’envolent parfois en fumée et ne sont pas destinés à être réalisés. Un détenu, même modèle, reste un détenu et la peine à purger ne saurait être suspendue. Les espoirs olympiques resteront enfermés entre les quatre murs d’une cellule de la prison. Il n’ira pas courir le cent mètres, un autre que lui ira cueillir les lauriers de la gloire. 

Et  jour après jour, il continuait ses foulées dans la cour, des miradors pour décor où les gardiens le regardaient s’épuiser en vain. Mais lui seul savait pourquoi il courait. Il courait comme un homme libre.

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Librement inspiré du film de Michael Mann « The Jericho Miles » (Comme un homme libre) est un téléfilm américain réalisé par Michael Mann et diffusée en 1979. À l’instar du téléfilm « Duel » de Steven Spielberg (1971), « Comme un homme libre » est exploité dans certaines salles de cinéma.

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