Copaca’Bagneux – « Copacabana sur Seine » par Annie Lamiral (2)

Cet été sera sportif ! Des Jeux Olympiques aux jeux d’écriture… il n’y a qu’un pas ! Ou plutôt une animation d’A Mots croisés, mercredi 24 juillet 2024 au parc du Puits Saint-Etienne. 

Hier, Annie, écrivante d’A Mots croisés, nous a transportés aux J.O. de Paris 2124 ! Aujourd’hui, elle revient avec un court témoignage sur une journée inoubliable qu’elle a pu vivre au cœur des Jeux ! 

Bonne lecture !

Copacabana sur Seine

Quai Branly, huit heures du matin, dimanche 28 juillet 2024, 24 degrés. 

Une foule calme, souriante, presque silencieuse avance en direction du Champ-de-Mars, transformé en Copacabana sur Seine. Le cadre est majestueux avec vue imprenable sur la tour Eiffel. Nous sommes 12.000 ! Oui, douze mille à marcher vers le stade de beach-volley, les stations de métro aux alentours étant fermées, les lignes de bus à l’arrêt, sécurité oblige. Il y a des jeunes, des moins jeunes, quelques familles arborant les couleurs des équipes en compétition ce matin, néerlandaise, espagnole, brésilienne, italienne, allemande et française ! Les supporters japonais eux sont discrets. Ils agitent avec grâce et élégance éventails et petits drapeaux nationaux. Incroyable, mais je me sens bien au milieu de cette foule. Aucun pickpocket à l’horizon. Ils ont été expulsés depuis le printemps. Où sont-ils ? Certainement pas en vacances ! 

Voilà des jours, des semaines, des mois que, comme beaucoup d’autres, je m’interroge sur Paris 2024, sur le financement des Jeux, sur leur impact écologique, sur le « nettoyage social », sur ce pari pour le moins audacieux … Pourquoi est-ce possible de loger et de nourrir gratuitement pendant un mois 14.000 personnes, les athlètes et leur staff ? … alors que d’habitude, Paris accueille réfugiés, migrants et sans-abris dans les parcs et les rues, sous les ponts et tunnels du périphérique ou dans des squats. Pourquoi est-ce possible de construire une polyclinique dernier cri de 3.500 mètres carrés pour y soigner les athlètes du monde entier ? … alors que nous avons tant de déserts médicaux en France… que les urgences sont partout saturées. Comment est-ce possible de déployer autant de militaires et d’agents de sécurité privée pour sécuriser la capitale ? Pourquoi doubler le prix du ticket de métro ? Pourquoi…

Plus le temps de penser. Contrôle des sacs. Contrôle des billets. Je bascule dans un autre monde. Je perds la tête. Deviens amnésique. En haut de l’escalier qui mène aux gradins, je trouve mon siège # 1, rangée 19, bloc C3. Je m’assieds, happée par la foule. Engloutie par elle. Le « leader d’ambiance » nous ensorcelle. Ambiance survoltée. Je fais la vague. Je tape des pieds. Je m’égosille « Allez les Bleues ! ». Je chante la Marseillaise, Papaoutai et Allumer le feu ! À midi, on frise la folie avec les 35 degrés dans les tribunes en plein soleil. Je fais corps avec la foule venue des quatre coins du monde, je veux la victoire pour tous ces athlètes qui se dépassent, se surpassent ! Pour moi, ils et elles méritent tous une médaille ! 

Ce matin, Françaises et Allemandes, à la plastique irréprochable, sont en bikini sur la plage, euh, non au stade de beach-volley, face à  la Tour Eiffel. C’est leur choix, elles aurait pu aussi opter pour le short ou le legging. Oui, en 2024, elles sont enfin libres de s’habiller comme elles l’entendent ! Je suis impressionnée par leur jeu, par leur puissance, par leur résistance. Les binômes gardent les yeux rivés sur le ballon multicolore, vérifient sans cesse sa sphéricité en le jetant en l’air et en le faisant tourner dans leur paume comme une toupie. Très important qu’il garde une trajectoire droite. Puis, elles le frappent du dos de la main pour l’envoyer par-dessus le filet dans le camp adverse. Pour le rattraper, elles n’hésitent pas à plonger dans le sable. Mais, comment font-elles pour continuer à jouer avec le corps plein de sable ? Ça doit gratter ! 

Dimanche 4 août 2024. Une semaine a passé. L’euphorie est retombée, mais les dieux et déesses des stades continuent de m’éblouir, l’engouement est là. Je découvre de nouveaux sports, des athlètes inconnus, je commence à aimer le sport… à la télé ! Avec des paillettes encore plein les yeux, je ne vois plus ni les embouteillages, ni les grilles et barrières qui encerclent encore certains quartiers de la capitale. Paris est apaisé, joyeux, enthousiaste, heureux ! Une ambiance inhabituelle qui fait du bien !

Et, moi qui étais quelque peu réfractaire à l’événement, me voilà maintenant dans une bulle de paix, de respect, d’harmonie. Je savoure l’instant. Ne me réveillez pas, s’il vous plaît ! Laissez-moi rêver !

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