« Jacaranda » d’après Carole

Samedi 5 octobre 2024, la Médiathèque Louis-Aragon de Bagneux a consacré une journée entière à la rentrée littéraire. Pour l’occasion, l’équipe de médiathécaires avait sélectionné dix « coups de cœur »qui étaient au centre de l’atelier d’écriture, « À livre ouvert », animé par Annie, intervenante d’A Mots croisés.

C’est le roman « Jacaranda » de Gaël Faye que Carole a retenu pour imaginer son propre récit, à partir des propositions d’écriture suggérées. Bonne lecture !

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La terre était sèche dans ce village au sud du Rwanda où s’étaient réfugiés les habitants de la capitale qui avaient fui les massacres.

La vie s’organisait bon an, mal an. Mais il n’avait pas plu depuis des mois. Les puits qui, d’ordinaire, servaient de réservoirs à eau étaient à sec. Les animaux ne s’abreuvaient plus, les champs étaient devenus infertiles et les hommes du village se plaignaient de cette arrivée massive de Tutsis fuyant la guerre, les accusant de les priver de leur eau et de leur nourriture.

Le chef du village, conscient de ces difficultés, se livra à de longues  incantations publiques pour avoir de l’eau. En vain ! Face à l’insistance des hommes et des femmes du village, il imagina un cérémonial spécial. Il choisit une jeune fille Tutsi, Stella, et l’initia à ses pratiques incantatoires. Au bout de quelques mois, il estima qu’elle était prête. Il l’emmena hors du village, la fit monter sur la cime d’un jacaranda et la fit réciter les incantations qu’il lui avait apprises. Stella, assise en tailleur en direction du sud ânonnait :  « Que la pluie arrose la terre de nos ancêtres et la rende féconde. »

Stella répéta ces incantations de nombreuses fois. À force de répéter ces phrases, elle avait du mal à rester concentrée. D’autant que, sous ses yeux, défilait un troupeau d’éléphants qui migraient vers le sud, suivis d’une bande de buffles sauvages qui faisaient monter la poussière. La nuit tomba sans qu’aucune goutte de pluie n’arrive au sol.

Se sentant vaincu, le chef du village fit appel aux autorités de la capitale  pour un ravitaillement en eau. C’était la fin de l’été, un peu avant la rentrée scolaire. Le village accueillait désormais un millier d’habitants à nourrir, soigner et éduquer. Seulement, la terre était sèche, le lac complément asséché. Il n’y avait plus rien à boire pour les animaux. Les pauvres bêtes mouraient une à une de déshydratation.

C’est alors que Milan, l’ami de Stella, arriva, hors d’haleine, au village.

Il avait couru, fui le massacre. Il racontait l’horreur. Sa voix monta vers le ciel. Pour la première fois de sa vie, Stella pleurait. Le ciel se mit à pleuvoir. Pendant des jours et des nuits. Toujours et encore. La verdure revint. Sur la rive, les pêcheurs chantaient que la pêche était bonne. Tous les villageois étaient si heureux du retour de l’eau. Pour remercier Stella, tout le monde l’accueillait à tour de rôle. Stella se plaisait à répéter à l’envi : « Je ne suis plus seule. »

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