« Retrouver »

Pour ce premier atelier d’écriture « Classique » de la saison 2024-2025, Carole Prieur, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à visionner une vidéo présentant une artiste performant une danse contemporaine. 

Le son était intentionnellement coupé. Il s’agissait de se focaliser sur ses gestes, de s’imprégner de ses expressions, puis de raconter leur ressenti. 

Nous vous souhaitons bonne lecture du récit imaginé par Adélaïde.

Retrouver

Le corps est lourd, ankylosé. Elle tend la jambe. Enfin, elle essaye, un muscle la retient. Son mollet tente de s’étirer, les fibres craquellent, puis s’étendent, s’éloignent, le pied se pointe et la jambe droite enfin prend toute sa longueur. 

Puis elle se replie. Et elle refait le même travail avec sa jambe gauche. Celle-ci s’étire plus facilement, même si le geste reste saccadé. La professeure crie soudain : « Et on remonte ! »

C’est maintenant le bras qui l’emmène, il monte, cherche à atteindre le plafond. Puis se relâche brusquement. Elle sent chaque muscle, elle cherche chaque mouvement. Tout lui paraît si familier et pourtant si lointain. Le corps répond, mais pas aussi bien qu’avant.

Les muscles manquent de souplesse, le cœur d’endurance. Mais la tête, elle s’éveille, respire, renaît. C’est elle qui pousse le corps. Elle qui fait onduler le dos, bondir les pieds, toucher la hanche, pousser la main. Elle parle à ses membres, elle leur dit : « un peu plus loin encore » ; « un autre saut » ; « une torsion de plus ».

Et l’échauffement échauffe. Les cuisses commencent à brûler, les exercices s’enchaînent.

Etonnée, elle sent son corps répondre aux sollicitations. Il reproduit, prend le rythme et tout doucement retrouve les chemins. Le bras se tord et part derrière, emportant le reste du corps. Le coude se replie et amène le buste à se recroqueviller. Une douce chaleur se répand dans ses chairs. Elle virevolte aux sons de la musique et des indications de la professeure.

Le cœur est essoufflé, le cours terminé, la tête émerveillée. Elle bouge, son corps est bien là. C’est le sien, un peu plus fatigué, pas tout à fait entraîné, mais toujours au bonheur de bouger. Elle quitte le cours sur un nuage, elle s’est retrouvée.

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