Pour ce premier atelier d’écriture « Classique » de la saison 2024-2025, Carole Prieur, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à visionner une vidéo présentant une artiste performant une danse contemporaine.
Le son était intentionnellement coupé. Il s’agissait de se focaliser sur ses gestes, de s’imprégner de ses expressions, puis de raconter leur ressenti.
Nous vous souhaitons bonne lecture du récit imaginé par Nathalie !
Heure de pointe
Station Saint-Michel, dix-huit heures, ce mardi dix octobre deux mille vingt-trois. Je m’engouffre dans l’antre du monstre. La rame arrive et un flux de voyageurs de toutes tailles et corpulences essaient de monter.
J’esquisse un petit pas de côté pour coller mon torse sur la personne se situant devant. Tel un ver de terre, mon corps se contortionne pour se faufiler à l’intérieur du métro. Mon bras droit s’étire de toutes ses forces, faisant ressortir mon omoplate afin d’agripper une barre. Mon bassin bascule sur la gauche et mon pied droit s’entrelace avec les pieds de l’individu de derrière. Je suis complètement bancale.
Le métro démarre. Les saccades des rails tendent tous mes muscles. Des tensions arrivent rapidement, mon corps se crispe frénétiquement. Mon regard hagard voit défiler les stations dans la douleur. Les tensions de mes articulations deviennent insupportables.
Enfin, le terminus. Après être sortie comme un crabe, j’étire mon corps discrètement. Je peux enfin dans une certaine harmonie dérouler ma stature. Le balancement de mes bras, l’oscillation de mes hanches, le déroulé de mes jambes reprennent un tempo en connexion avec tous mes muscles et mon squelette. Vive la vie parisienne !
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