Pour ce premier atelier d’écriture de la saison 2024-2025, Carole Prieur, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à raconter un organe ou une partie du corps, sans pudeur, ni tabou.

Nous vous souhaitons bonne lecture du récit « D comme Doigts» imaginé par Annie et de «E comme Epaules » par Anne. 

 « D comme Doigts» par Annie Lamiral

C’est l’histoire d’une grande famille d’appendices articulés où chacun a son rôle. 

L’index aime donner des ordres, pointer les autres, accuser. Il se distingue par son activisme débordant. Il appuie sur les boutons de l’ascenseur, les touches du téléphone, sur les sonnettes et alarmes.

Le majeur occupe une place centrale. Il domine tout son petit monde, surtout quand il est en colère. Alors, il se met droit debout et ordonne à ses voisins de se faire tout petits !

L’annulaire rêve d’amour et de promesses éternelles. Toujours prêt à accueillir anneaux, bagues d’or et d’argent ! 

Le petit dernier souffre énormément de timidité, vu la grandeur et la noblesse des autres. Complexé par sa taille, il se réfugie souvent dans les oreilles de ses maîtres.

Le pouce fait bande à part. C’est un peu la pièce rapportée. Le faux-frère. Situé en contrebas, il peut s’étirer à l’équerre. Un original qui veut se distinguer, mais qui sait se faire si tendre. Son petit bonheur, c’est de trouver refuge dans la bouche d’un enfant fatigué ou contrarié. Alors, il savoure ces délicieux instants de cocooning. 

Tous les cinq sont au centre de notre vie. Nous en parlons sans cesse et raffolons d’expressions les impliquant  : «Donner un coup de pouce », « Mon petit doigt m’a dit », « Mettre à l’index»,  « À deux doigts », « Toucher du doigt », « Savoir quelque chose sur le bout des doigts », « Croiser les doigts », «  Manger sur le pouce », « S’en mordre les doigts », « Lever le petit doigt » et que sais-je encore ! Sans oublier l’usage démesuré, depuis quelques années, du fameux emoji avec le pouce en l’air pour exprimer l’appréciation, et celui avec le pouce en bas pour exprimer notre désaccord. 

Pour conclure, je vous laisse, chers lecteurs et chères lectrices, savourer ce propos, un graffiti déniché par Régis Hauser dans un lieu public et publié dans son ouvrage : « Les Murs se marrent » :

« Dans le dico, à côté du mot « syphilis », c’est marqué « voir index ». J’ai regardé mes doigts. J’ai rien. »

« E comme Epaules » par Anne Berthelot

Les années passaient, elle voyait ses épaules peu à peu se recroqueviller, se rejoindre pour mieux se rassurer, quitte à entraîner son corps vers le plancher. Elle ne voyait plus la voie lactée, c’était dorénavant son dos qui était voûté.

Ses précieuses épaules l’avaient jusqu’à maintenant soutenu. Elles étaient le levier, l’abri des âmes abimées. Mais ses bras n’arrivaient plus à se lever.

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