Depuis plusieurs années, A Mots croisés poursuit une coopération inédite avec le Théâtre Victor Hugo (TVH) de Bagneux. Fin novembre, Margaux Naville, responsable des relations avec le public, a accueilli nos écrivants pour leur faire découvrir l’histoire et les coulisses du lieu avant de participer à un atelier d’écriture « Mots en scène », animé par Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés.
Dans un deuxième temps d’écriture, Annie a invité le groupe à rebondir sur le spectacle « Craquage » de Marion Mezadorian, hier soir, 7 janvier. Après visionnage du teaser https://youtu.be/3y2yi9A_yYY, il s’agissait d’imaginer un jour où c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, un personnage part en vrille, déballe tout, pète les plombs.
À suivre le récit imaginé par Carmen.
Partir un jour
Wouah, je n’en reviens pas, vous êtes tous venus. Quelle joie pour moi de vous voir une dernière fois à l’occasion de mon départ. Je n’ai pas les mots pour vous dire à quel point vous allez me manquer. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la possibilité de dire à ses collègues combien on les aime. Buvons !
Mais non, bande de cons. Je vous déteste et bien plus encore. Qu’aviez -vous donc imaginé? Que je vous offrais un pot d’adieu juste pour vos beaux yeux ? Manquerait plus que ça! Regardez-vous donc, avec vos mines d’hypocrites, de faux jetons, de fayots, à me souhaiter bonne chance, belle continuation, combien vous avez apprécié de travailler avec moi. Bla bla bla.
Si vous saviez tout ce que je pense de vous, jamais vous ne seriez venus avec vos sourires de circonstances. Je vous ai subi durant toutes ces années alors à votre tour de subir mes quatre vérités.
Tiens, Josiane, puisque je vois que tu cherches à t’éclipser discrètement, je vais donc commencer par toi, comme ça tu pourras aller chialer dans les toilettes. Les toilettes, tu connais bien, n’est-ce pas ? C’est là que tu vas te rafraîchir à chaque fois que tu sors de réunion « spéciale » avec le chef de service. D’ailleurs, on a toujours pu compter sur toi pour lui relater toutes les infos nécessaires pour nous faire sanctionner par la suite. Fausse copine mais vraie salope.
En seconde position, Lucien Duchamp, le fameux chef de service toujours prompt à sévir dans le but de nous pousser vers l’excellence, l’irréprochabilité, la performance. Cet homme, à l’allure impeccable, qui vous fait sentir minable dès qu’il le peut, qui se prétend au dessus de tous, et bien cet homme n’est qu’un imposteur. Il dissimule sa calvitie sous un postiche, une vulgaire perruque. Monsieur n’assume pas apparemment ? Lucien, ce n’est pas bien de tricher comme ça et surtout de maltraiter ses équipes.
Monsieur Magnanville, ne partez pas déjà, j’ai beaucoup à dire sur vous. Monsieur Magnanville et son légendaire paternalisme. J’adore vous entendre dire que nous sommes vos enfants, votre famille, que vous avez le devoir de veiller sur nous en bon père protecteur. Et bien voyez-vous, ce cher homme, a tout bonnement abandonné sa fidèle épouse et sa progéniture encore mineure.Tout ça pour aller se vautrer dans le stupre et la luxure avec une call girl qui non seulement, le pousse dans le vice mais ruine ce vieux débris. Eh les gars, un bon conseil, commencez dès à présent à chercher un nouvel emploi, l’entreprise va mal.
Bon, je continuerais bien comme ça avec vous tous, mais c’est que j’ai mes cartons à faire moi. Je suppose que personne ne veut m’aider ?
« Craque « avec Marion Mezadorian au Théâtre Victor Hugo, 7.1.2025

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