Depuis plusieurs années, A Mots croisés poursuit une coopération inédite avec le Théâtre Victor Hugo (TVH) de Bagneux. Fin novembre, Margaux Naville, responsable des relations avec le public, a accueilli nos écrivants pour leur faire découvrir l’histoire et les coulisses du lieu avant de participer à un atelier d’écriture « Mots en scène », animé par Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés.
Dans un dernier temps d’écriture, Annie invite le groupe à revisiter un passage d’une pièce de théâtre connue en y intégrant une phrase d’une autre pièce de théâtre. À suivre le récit imaginé par Carmen.
Dans quelle galère me suis-je embarqué !
Le comte Almaviva vient se faire raser chez moi et voilà que le bougre me charge d’entreprendre pour lui la jeune Rosine. Elle lui a fait de l’effet la belle agnelle. Je dois néanmoins avouer que si mon cœur n’était pas déjà pris par ma Suzanne, elle ne n’aurait pas déplu. Ce soir, donc, j’irai frapper à la porte de ce vieux barbon de Bartholo et j’entreprends la pucelle pour Almaviva. Ah pauvre de moi, toujours à vouloir rendre service, alors que l’enfer c’est les autres.
« Seigneur Bartholo, permettez, comme précédemment demandé, de dispenser ma leçon de musique à Belle Rosine. »
« Faites donc, monsieur, une vraie jeune fille se doit de connaître la musique et les arts afin de charmer son époux. Et en l’occurrence, je suis son futur mari. »
Diantre, le vieux débris se voit déjà dans le lit de la demoiselle. Souhaitons que mon entreprise soit couronnée de succès, sinon adieu mon mariage avec Suzanne. Pour sûr, Almaviva ne me paiera pas mes gages.
« Entrons dans le petit salon, cher professeur, mais sachez bien que je me tiendrai tout près de la porte pour qu’aucune de vos paroles ne m’échappent. »
« Docteur Bartholo, je suis la probité incarnée. Vous n’aurez que des louanges à m’adresser à l’issue de cette leçon. Je vous garantis que vous ferez à nouveau appel à mes services. »
« Soit, soit, nous en reparlerons le moment venu. »
Fichtre, il est difficile à faire décamper l’ancêtre. Enfin seuls.
« Chère Rosine, sachez tout d’abord que je ne suis ni précepteur, ni musicien. Je suis Figaro, barbier de son état. J’ai été mandaté par le Comte Almaviva qui est désireux de faire de vous son épouse. Depuis qu’il vous a entr’aperçu derrière vos persiennes, il se meurt d’amour pour vous, perdant le sommeil et le goût de vivre. »
« Cher Figaro barbier de son état, je vais vous épargner une peine et notre temps à tous les deux. Sachez, que si je ne suis pas disposée à épouser mon tuteur, je ne le suis pas davantage pour votre Comte. D’ailleurs, il n’est pas né l’homme qui partagera ma couche. L’idée même des grosses mains rugueuses, velues, froides d’un mâle me révulse et je pourrai tomber en pâmoison à la vue de la nudité masculine. En revanche, je n’ai rien contre le corps d’une femme. De sentir sa douce chaleur, son parfum délicat, sa belle tendresse. »
« Par tous les saints, que me chantez vous là ? Seriez-vous une de ces saphiques dont on m’a évoqué les mœurs? Seigneur, j’ai du mal à comprendre vos paroles. »
« Que nenni, Figaro barbier de son état, je suis bien l’une de ces femmes que vous venez d’évoquer. D’ailleurs, j’ai entendu beaucoup de bien en ville d’une certaine Suzanne. Ça vous parle? Je meurs d’envie de faire sa connaissance. Qui sait, peut-être lui plairai-je ? Vous croyez possible de m’obtenir un rendez-vous ? »
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