Paradoxe

Depuis plusieurs années, A Mots croisés poursuit une coopération inédite avec le Théâtre Victor Hugo (TVH) de Bagneux. Fin novembre, Margaux Naville, responsable des relations avec le public, a accueilli nos écrivants pour leur faire découvrir l’histoire et les coulisses du lieu avant de participer à un atelier d’écriture « Mots en scène », animé par Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés.

À suivre un souvenir d’enfance de Nicole, réveillé par le théâtre.

Paradoxe

C’était l’enterrement de ma grand-mère maternelle et la première fois que j’assistais à une messe funéraire. Pour moi, petite gamine, c’était comme du théâtre. J’essayais de comprendre les paroles, les gestes, mais, toutes les cinq minutes, le spectacle était perturbé… L’abbé, tout en noir à l’époque devait être enrhumé. Il s’efforçait d’utiliser, d’une seule main, et avec discrétion, un grand, très grand mouchoir blanc qu’il tirait lentement, très lentement de sa poche : ça n’en finissait pas ! Il s’essuyait rapidement le nez entre deux phrases et replongeait aussi lentement l’objet en question avec sa main qui cherchait maladroitement l’entrée de la poche.

Je perdis progressivement de vue les décors de l’église et tout ce qui s’y passait. J’étais obnubilée par les allées et venues de ce linge blanc sur fond noir : une sorte de dessin animé sans fin. Petit à petit, ce manège déclenche chez moi un fou rire, léger au départ, puis qui me secoue de plus en plus… Je plonge alors à genoux la tête dans mes deux bras, appuyés sur l’accoudoir du prie-Dieu. « Ne pleure pas ma chérie », me murmure ma grand-mère paternelle, « Ne pleure pas, la cérémonie va bientôt se terminer ». 

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