Dans le cadre des Nuits de la Lecture 2025 sur le thème des Patrimoines, la médiathèque Louis Aragon a invité à une soirée conviviale, ludique et festive autour du patrimoine culinaire !
Pour l’occasion, À Mots croisés a proposé, vendredi 24 janvier 2025, un atelier d’écriture « Le goût des mots » animé par Annie Lamiral qui avait préparé des propositions d’écriture pour tous les goûts, même des goûts venus d’ailleurs.
Nous vous laissons savourer la formule exotique choisie par Carmen !
Au bout du goût
J’ai toujours pensé que les mots avaient des couleurs, des odeurs, des saveurs. Souvent, j’écoutais mon père me raconter les sentiments qu’il éprouvait en dégustant son plat chinois préféré. Ainsi, « porc à l’aigre-douce » finit par éveiller en moi tout un imaginaire gustatif.
J’avais dix ans, et je ne savais pas bien ce que signifiait « aigre-douce ». Comment une préparation pouvait-elle à la fois, sucrée et salée. C’était si éloigné de la cuisine de ma mère. Je rêvais d’en manger.
Puis, un jour le rêve devint réalité. Mon père m’emmena dans le restaurant chinois où il avait ses habitudes. Dès que j’eus franchi le seuil, ce fut comme poser le pied sur un autre continent. L’ambiance feutrée, l’encens, le décor soigné m’impressionnaient. Mais la véritable révélation, elle se passa dans l’assiette. Devant mes yeux ébahis, le serveur posa, solennellement, un poêlon encore fumant.
Quel parfum ! Que de couleurs ! Par où commencer? Qu’allais-je manger en premier ? Je me décidais enfin à piquer un morceau d’ananas, puis de poivron rouge, et pour finir le porc, croustillant à l’extérieur, moelleux en dedans, le tout enrobé dans une sauce nappante, sirupeuse. Je me léchais les doigts tant je trouvais mon repas délicieux.
Mon père regardait, amusé, le spectacle de sa fille se régalant de la cuisine asiatique. Lui et moi, étions heureux, tout simplement. Tellement d’années se sont écoulées et le porc à l’aigre-douce n’est pas forcément le plat que je déguste le plus au restaurant. Pourtant, il reste le plus beau souvenir culinaire que j’ai dans le cœur. Celui d’un moment privilégié entre mon père et moi.
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