Repas final suivi de Une faim sans fin

Dans le cadre des Nuits de la Lecture 2025 sur le thème des Patrimoines, la médiathèque Louis Aragon a invité à une soirée conviviale, ludique et festive autour du patrimoine culinaire !

Pour l’occasion, À Mots croisés a proposé, vendredi 24 janvier 2025, un atelier d’écriture « Le goût des mots » animé par Annie Lamiral qui avait préparé des propositions d’écriture pour tous les goûts. 

Dans la carte du « Goût des Mots », Carmen a choisi la formule fantasmagorique ! Nous vous laissons tout au plaisir de la dégustation de son joyeux (!) pêle-mêle d’onomatopées, d’expressions culinaires et d’une pincée … d’horreurs ! Bonne lecture! 

Repas final

 – Chéridou, tu sais qu’aujourd’hui ça fait six mois que nous sommes mariés? Sais-tu ce qui me ferait plaisir?

– Non ma douce?

– Une belle omelette aux cèpes.

– Aurais-tu oublié que j’y suis mortellement allergique? 

– Oh c’est vrai, chéridou. Quel dommage, j’aime tellement ça.

– Alors, hors de question de t’en priver ma douce. Je file au marché et j’achète de quoi te faire plaisir. Pour toi, je suis prêt à tout, ma caille adorée.

– Smack, mon chou chantilly. 

– Me voilà revenu avec de quoi te lécher les babines.

– Miam miam, je sens que je vais me régaler. Humm ça sent si bon dans la  cuisine, plus encore que la dernière fois.

– Vas-y déguste, mon canard en sucre.

– Mais grand Dieu, c’est divin. La meilleure de toutes les omelettes aux cèpes que j’ai pu manger.

– Je suis si heureux, je meurs d’amour pour toi,

– Je me sens toute bizarre tout d’un coup, chéridou. J’ai la tête dans le potage.

– Ce n’est rien, tout va bien se passer. Termine bien tout ton repas, n’en laisse surtout pas une miette. C’est une chance pour moi que tu sois daltonienne. J’ai fait un petit tour dans la forêt et je connais un charmant coin où poussent tranquilles de jolies amanites phalloïdes. Savoureux n’est-ce pas? 

– Mais Chéridou, pourquoi ?

– Enfin ma petite crème brulée, un enterrement coûte moins cher qu’un divorce et moi j’ai grand besoin d’argent. Et toi, tu en as beaucoup, beaucoup. C’est que j’ai besoin de mettre un peu de beurre dans les épinards pour éponger mes dettes de jeu. Allez, ne fais pas l’enfant, mange. De toute façon pour toi, c’est la fin des haricots et les carottes sont cuites.

 Une faim sans fin

– Gisèle, j’ai faim, j’ai tellement faim tu sais.

– Lucienne, je suis au courant. Moi aussi, j’ai faim mais  je dis rien. J’ai appris à souffrir en silence.

– Oui mais quand même Gisèle, on nous avait pas prévenu, qu’on aurait autant la dalle. J’ai toujours cru qu’une fois ici, nous n’aurions plus à ressentir quoi que ce soit.

– Et bien, il faut croire qu’on nous a trompé ma pauvre Lucienne. Si tu as si faim que ça, mange ta main et garde l’autre pour demain. Au moins je ne t’entendrai plus pour quelques heures.

– Ma main, ma pauvre main. Elle est toute décharnée, je n’ai plus que la peau sur mes vieux os.

– Pour l’amour du ciel, je vais finir par ne plus sortir quand tu te trouves dans les parages. Je n’arrive pas à profiter des cortèges organisés pour les nouveaux entrants. C’est un comble alors que j’ai toute l’éternité pour ça.

– Gisèle, je viens d’avoir une idée lumineuse. De la cervelle, on a qu’à manger de la cervelle. Il y en a tout plein autour de nous.

– Serais-tu devenue folle? Tu nous prends pour des zombies ou quoi?

– C’est que j’en ai marre de ne manger que des pissenlits par la racine, c’est amer et ça a un goût de terre pourrie.

– C’est normal Gisèle, nous sommes mortes et enterrées. Allez, va boire l’eau des fleurs. Ce n’est pas du champagne mais ça désaltère tout autant.

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