Dans le cadre des Nuits de la Lecture 2025 sur le thème des Patrimoines, À Mots croisés a proposé, samedi 25 janvier 2025, un atelier d’écriture Découverte « 1955 – Cette année-là… » animé par Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, dans un lieu propice à la rencontre avec le patrimoine balnéolais, le Service des Archives et du Patrimoine historique de la Ville de Bagneux.
Pour partager sur le thème des patrimoines, Annie a invité le groupe à se plonger dans la lecture du Bulletin municipal de la ville de Bagneux, d’il y a soixante-dix ans. Pourquoi ce choix ? Parce que ce numéro dresse un bilan particulièrement détaillé de l’évolution de la ville entre 1935 à 1955 et que nous sommes 70 ans plus tard !
La proposition d’écriture était d’imaginer des fragments de vie à partir des informations présentes dans le magazine, de situer le récit à Bagneux, en 1955.
Bonne lecture de la fiction imaginée par Lysiane !
À Bagneux… ou à La Trinité
Ma chère cousine,
Cela fait plusieurs semaines que je veux t’écrire, mais je suis tellement occupé, à Bagneux, que je n’en ai pas trouvé le temps.
Ce qui m’a décidé, c’est que je crois qu’on va pouvoir bientôt se retrouver, en Bretagne, cet été ! Ma ville, Bagneux, vient en effet d’acquérir le domaine de Kerdrovas à la Trinité-sur-mer. Il me semble que c’est tout près de chez toi ! Si maman arrive à m’inscrire, tu pourras m’y rendre visite. Ça a l’air immense.
J’ai hâte de pouvoir découvrir la mer et qu’on respire un air sain. Et puis ensemble, on pourrait se retrouver sur la place et faire des châteaux de sable et jouer aux billes ! Est-ce que tu pourrais aller voir sur place, avec ton vélo, et me dire à quoi ressemble ce domaine ?
En attendant de faire le voyage et de découvrir cette région, je ne m’ennuie pas dans ma ville. A l’école, j’ai beaucoup de copains, l’ambiance est studieuse et joyeuse. Comme maman n’a pas beaucoup d’argent, le maire, Albert Petit, m’a offert une paire de chaussures toutes neuves !
Le soir après l’école et le samedi, quand il ne pleut pas, je vais m’amuser dans le grand parc Richelieu. Avec Charles, Paul et François, on joue à saute-moutons et à cache-cache.
Mais mon jour préféré, c’est le jeudi, quand je vais au Patro, enfin, au Patronage laïque. C’est sûr, je préférerais dormir plus longtemps le matin, mais là-bas, je retrouve mes amis et on fait plein d’activités joyeuses. La journée est bien remplie.
Mademoiselle Janson nous accueille pour nous accompagner à la piscine. Je ne sais pas encore très bien nager, mais je progresse bien. J’espère pouvoir te montrer mes progrès cet été. Après le déjeuner, on a le choix. On peut rester dans la cour et s’amuser sur les balançoires ou le toboggan. Quand on part dans les bois, j’adore aller à l’aventure et construire une cabane. Quand on reste sous le préau, on fait des jeux de société. J’ai découvert un jeu qui vient d’être inventé. Je suis sûr qu’il te plairait. Ça s’appelle le SCRABBLE. Je crois que c’est un mot anglais. On y joue avec des lettres qui ont chacune une valeur – par exemple 1 point pour le A et le E, 10 pour le W. Il faut composer des mots et les croiser sur un plateau, pour faire le plus de points possible. C’est vraiment amusant.
Josette suit des cours chez Pigier, pour devenir secrétaire. On ne la voit plus beaucoup à la maison. Elle a un fiancé, Emile. Elle s’est aussi engagée au sein de l’Union des jeunes filles de France, tu sais, l’organisation qu’avait créée Danielle Casanova.
Maman court partout, elle a une telle persévérance pour qu’on ne manque de rien ! Grâce à elle, je suis bien nourri. Si je continue à avoir des bonnes notes en écriture et en calcul, je pense que j’aurai un prix à la fin de l’année.
Et toi, comment occupes-tu tes journées ? Comment va la ferme ? Est-ce que vous avez toujours autant de lapins et de poussins ?
Je sais que ça prend beaucoup de temps pour venir en train à Paris, puis en autobus ou en tram à Bagneux, mais j’aimerais tellement te faire connaître ma ville ! Si tu voyais comment elle change, avec de nouveaux bâtiments !
Je dois te laisser, Georges m’attend dans la rue pour aller à la boulangerie. La semaine prochaine, je saurai si je peux partir en colonie à la Trinité.
Ma chère cousine, je t’embrasse et te dis à bientôt,
Etienne
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Photos : Bulletin municipal, Ville de Bagneux, Juin 1955
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