En début d’année, À Mots croisés a déplacé ses ateliers d’écriture à la Maison de Victor Hugo, Place des Vosges à Paris que nous remercions vivement pour son accueil. https://www.maisonsvictorhugo.paris.fr/
Les ateliers hors-les-murs permettent de renouveler nos pratiques d’écriture et d’ouvrir autrement nos imaginaires. Après la visite de l’appartement parisien de l’illustre, Marie-Laure Rossi, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à imaginer la rencontre entre un personnage de l’entourage de l’illustre et Victor Hugo. C’est Juliette Drouet qui devait être placée au centre du récit ci-dessous. Pour mémoire, Juliette Drouet, de son vrai nom Julienne Joséphine Gauvain (1806 -1883), était une comédienne qui jouait les pièces de Hugo. Elle a été sa maîtresse pendant près de cinquante ans.
À suivre le récit imaginé par Nathalie ! Bonne lecture !
Brève rencontre
Marre d’être en deuxième position. Je suis belle, je le sais. Je demande souvent à Victor s’ il m’aime. Sa réponse est toujours positive.
Ce jour, j’ai revêtu la plus belle de mes robes. Mes longs cheveux frisés retombent en boucles bien séparées. Ma taille est fine et mon allure est fluide.
Je sors de l’appartement où Victor me paie le loyer. Je tourne à la rue Sévigné, puis à gauche dans la rue des Francs Bourgeois. Je me dirige place des Vosges au domicile de Victor.
Ce matin, le froid me glace le dos, où est-ce cette rencontre avec Madame Hugo à côté de Victor qui me chagrine ? Mais, je saurais faire face car j’ai l’habitude d’incarner des personnages : lequel vais-je adopter ? Celle de l’amante implorante ou agressive, rageuse, vigoureuse.
En ce matin d’hiver, je ne sais pas, je ne sais plus. La rue est déserte. Les échoppes sont encore fermées. Arrivée au numéro six, je prends une grande inspiration et je passe le porche en rejetant mes épaules en arrière pour que ma voix soit nette, directe et distincte. Mon cœur palpite. Une jolie petite fille s’approche. Je lui demande son prénom, mais je le connais, c’est Léopoldine. Un domestique me fait rentrer dans le vestibule. L’odeur de la cire monte. Victor vient à ma rencontre. Je lui dis que je suis venue visiter son appartement et rencontrer sa famille.
Une colère l’empare, sa décision est claire et distincte. Sans ménagement, Il m’assène de sortir de chez lui car ce n’est pas un spectacle, ni une tragédie. Je me retrouve dehors par cette matinée glaciale, mais je reconnais bien le caractère de Victor.
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Illustration
Juliette Drouet en femme de Smyrne par Charles-Émile Callande de Champmartin, huile sur toile, vers 1827, Maison de Victor Hugo.
Photo @annyelleparis
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