Le 8 mars, c’est la Journée internationale des Droits des Femmes !
Pour l’occasion, nous vous invitons, depuis quelques jours, à la lecture de récits imaginés par nos écrivants lors d’un atelier animé par Carole Prieur, inspiré par l’ouvrage « Les femmes qui lisent sont dangereuses » de Laure Adler et de Stefan Bollman.
À suivre le récit de Jean-François. Bonne lecture !
Les malheurs d’Emilie
Comme c’est étrange, le paragraphe de ce livre me rappelle mes échanges avec Etienne. Quand il me touchait l’épaule qu’il dénudait lentement, je sentais la douceur de ses mains, ses longues caresses, avant qu’il ne fasse son affaire, avant qu’il ne disparaisse lorsqu’il apprit ma grossesse.
L’ambiance décrite dans cette chambre par l’auteur me ramène sous les combles où nous nous retrouvions l’après-midi, à cette époque où j’avais malgré tout été très heureuse. Depuis la naissance d’Emilie, j’ai perdu mon travail, mes parents me chargent de reproches. Pour eux, je suis responsable de tous les maux de la famille. Mais pourquoi ? Ai-je jeté l’opprobre sur notre nom ? Ma mère affirme que oui, qu’ils doivent nourrir mon enfant, que je suis une pestiférée, mon père ne me parle plus. Dans le village les regards se détournent quand j’apparais. Je sens bien le rejet, les moqueries dans ces petits rires à mon approche et, depuis maintenant deux ans, les hommes s’écartent de mon chemin. Tous les soirs, je sanglote sur ma paillasse. Je ne suis faite que pour le malheur.
Etienne ne reviendra pas, il n’acceptera jamais de reconnaître sa fille. Emilie si malheureuse, une enfant sans père. Maman est brutale avec elle, mon père l’ignore et quand je la prends dans mes bras pour la cajoler, je reçois une volée d’insultes de mes parents. Je ne retrouverai jamais Etienne, mais je ne peux pas rester dans cette maison, dans ce village isolé. Je ne peux pas laisser mon enfant dans ce malheur, entourée de tant de haine.
Comment peut-elle vivre cette vie que je lui propose ? Peut-être est-ce là les raisons de ses silences. C’est décidé, je vais prendre la route avec elle pour tenter de nous construire une vie et un avenir ailleurs. Demain, je préparerai mon balluchon, de toute façon il est léger et pour le reste, on se débrouillera en chemin.
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