Chère pinceauteuse

Cette année, A Mots croisés a choisi de célébrer la Journée internationale des Droits des Femmes en allant au Musée de la Toile de Jouy que nous remercions vivement pour son accueil.

Après la visite guidée de la collection permanente, Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à imaginer un récit, un fragment de vie autour d’un personnage principal, impérativement une femme, et de situer le récit à/en lien avec Jouy et la toile de Jouy. 

Rappelons brièvement qu’à la Manufacture de Jouy, les femmes occupent des postes dédiés. Elles sont picoteuses, pinceauteuses, tireuses ou couturières et représentent 47% des effectifs.

Nous vous souhaitons bonne lecture du récit imaginé par Jean-François !

Chère pinceauteuse

− Chère Madeleine Baudricourt, cet ouvrage est admirable.

− Bien Monsieur, c’est le gagne-pain des picoteuses, couturières et ouvrières de la fabrique.

− Je sais ma chère Madeleine, mais je suis admiratif : cette touche délicate, méticuleuse apporte à mes yeux à cette toile une qualité exceptionnelle.

Gaspard Gouache, gros acheteurs d’indiennes, visitait l’atelier de toiles et de tapisseries de Madame Baudricourt. Il envisageait de les exporter en quantité suffisante dans les nouvelles colonies où de grandes fortunes se développaient à un rythme prodigieux. 

− Mais tout à fait, nous avons formé nos ouvriers et ouvrières, ici même, aux techniques nécessaires pour produire ces toiles. 

− C’est remarquable. Je suis ébahi par le travail que vous réalisez. Qu’est-ce qui vous a conduit ici a créé cette industrie ? 

− Monsieur, le chemin a été long. Au décès de mon époux, ma belle-famille m’a expulsée et j’ai dû trouver par mes propres moyens de quoi survivre.

En bref, au début, j’ai erré quelque temps dans les rues où j’exerçais des tâches à la journée et où certains me proposaient d’offrir mon corps pour un morceau de pain et un peu de lait. Un jour, un bourgeois m’offrit l’opportunité de travailler comme pinceauteuse dans une fabrique de toiles imprimées.  J’y ai alors appris le métier. Au bout de quelques années, cet homme fut convaincu de mes qualités. C’est à ce moment que commença mon ascension. Je découvris les différentes facettes de la fabrication de la toile imprimée, les relations avec les fournisseurs et les clients jusqu’au jour où mon bienfaiteur, souhaitant agrandir son entreprise, me proposa d’assumer la charge de cette usine qui devient mienne.

− Ma très chère Madeleine, je suis subjugué par cette aventure. Je vous inviterai volontiers dans nos colonies afin que vous me racontiez votre parcours par le menu détail et que vous fassiez connaître vos œuvres.

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