La belle indienne

Début mars, À Mots croisés a déplacé ses ateliers d’écriture au Musée de la Toile de Jouy que nous remercions vivement pour son accueil. Les ateliers hors-les-murs permettent de renouveler nos pratiques d’écriture et d’ouvrir autrement nos imaginaires.

Après la visite guidée de la collection permanente Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à imaginer un récit autour de la toile de Jouy. 

Rappelons brièvement que les dessinateurs de Jouy se montrent particulièrement fertiles puisqu’en 1821, au moment de la cession de la manufacture, on estime que 30 000 dessins ont été imprimés à la planche de bois, et plus de 500 à la plaque et aux cylindres de cuivre. Une moyenne de 430 nouveaux motifs par an ! Ces motifs sont souvent monochromes (rouge, bleu, vert, sépia…) sur fond blanc ou écru. Ils peuvent être floraux, exotiques, architecturaux ou représenter des scènes pastorales, mythologiques et historiques. Aujourd’hui, la Toile de Jouy continue d’inspirer des créateurs avec de nouvelles variations modernes.

Nous vous souhaitons bonne lecture du récit imaginé par Jean-François.

La belle indienne

− Charles, Charles, viens à mon secours. Ils m’ont emprisonnée ici depuis des mois. J’accepte tes visites régulières, tes pensées et tes attentions sans faille. Le son de ton luth m’a accompagnée de ta mélodieuse composition, mais aujourd’hui je ne veux plus rester là. Ton regard insistant me transperce et m’attendrit. Je sens naître une passion car je vois dans tes yeux et, à travers ton pagne, ton désir grandir. Charles, aide-moi, je te prie. Je suis prisonnière de cette toile depuis bien trop longtemps. Tu dois m’aider à m’extraire de ce piège, de cette prison. Viens, Charles, arrache-moi à cette toile. Je veux sentir ton parfum de vanille, toucher ta peau de miel et partager avec toi autre chose que des profonds silences ou que des mélodies de ton instrument. Je veux que tes mains expriment ce que je dis dans tes yeux. Charles, je veux sortir.

− Oh, ma douce je ne demande que cela, mais comment puis-je m’exécuter ? Ma tendre pinceauteuse, nous sommes sous surveillance. Partout, autour de nous, on nous observe, nous n’irons pas loin. Je crains ma pauvre Parvati que, au risque de se retrouver sous une épouvantable calandre, nous ne soyons condamnés à rester platoniques.

− Charles, tais-toi et sors-moi de là !

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