Début mars, À Mots croisés a déplacé ses ateliers d’écriture au Musée de la Toile de Jouy que nous remercions vivement pour son accueil. Les ateliers hors-les-murs permettent de renouveler nos pratiques d’écriture et d’ouvrir autrement nos imaginaires.
Après la visite guidée de la collection permanente Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à imaginer un récit autour de la toile de Jouy.
Rappelons brièvement que les dessinateurs de Jouy se montrent particulièrement fertiles puisqu’en 1821, au moment de la cession de la manufacture, on estime que 30 000 dessins ont été imprimés à la planche de bois, et plus de 500 à la plaque et aux cylindres de cuivre. Une moyenne de 430 nouveaux motifs par an ! Ces motifs sont souvent monochromes (rouge, bleu, vert, sépia…) sur fond blanc ou écru. Ils peuvent être floraux, exotiques, architecturaux ou représenter des scènes pastorales, mythologiques et historiques. Aujourd’hui, la Toile de Jouy continue d’inspirer des créateurs avec de nouvelles variations modernes.
Nous vous souhaitons bonne lecture du récit imaginé par Carole.
Le cadeau
Pour mon anniversaire, ma sœur, Camille, m’offrit une étoffe en toile de Jouy, créée par un jeune styliste en vogue à New York, un illustre inconnu pour moi.
Le grain de son tissu me plaisait bien, elle m’enveloppait les épaules et recouvrait généreusement la poitrine. Toutefois, j’étais surprise par les motifs que je trouvais désordonnés ; des figures abstraites sur un fond jaune bordés de traits couleur rouge garance et vert et bleu.
– « Ce sont des motifs inspirés d’un tableau de Jean-Baptiste Huet, une référence en dessins de toile de Jouy. Le créateur s’est inspiré de ces dessins, les a modifiés et a voulu avec ces couleurs vives donner à l’étoffe un style contemporain ! » m’a dit Camille.
J’observais l’étoffe de long en large, essayant de comprendre les motifs, le dégradé de couleur. Ces formes abstraites aux coloris floraux et fruits ne me plaisaient définitivement pas, ni cette couleur jaune dominante. J’aurais aimé des scènes galantes : une femme au parapluie, un chasseur qui regarde le gibier, des enfants poursuivant un cerf, dans un subtil camaïeu de bleu, rouge, brun, noir jaune. J’en fis part à Camille.
Vexée, elle me dit :
« Tu n’as aucun goût, Caroline ! »
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Illustration :
Motif imbriqué chinois de 1791, Musée de la Toile de Jouy, Carte postale @Christophe Walter
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