A trains croisés

Pour ce nouveau rendez-vous « Ateliers Découverte » de la saison d’écriture 2024-2025, Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, a invité Alexandre, Charlotte, Dominique, Michel et Nicole à une parenthèse d’écriture créative autour du sujet : « L’attente ».

L’attente, c’est l’espoir. C’est là où la vie bascule. Une déclaration d’amour, un diagnostic, une sentence ou les vacances …. Source de joie, de peine. Mais aussi source d’angoisse, de douleur.

À suivre le récit de Nicole et Michel, une écriture à quatre mains ! Bonne lecture ! 

A trains croisés

Par Nicole Teillagorry et Michel Crenon

2021 – Retour du Tarn en TGV : départ Toulouse à 15h51 – arrivée prévue à Paris à 20h11

1ère annonce 

Train en gare, mais colis suspect à bord : 1h15 de retard.

Surprise, agitation et mécontentement des voyageurs bloqués à l’entrée du quai. Les préposés de la SNCF subissent un assaut de questions : « mais, ou et, donc, or, ni, car ? » Enfin, départ du train sur la ligne standard Toulouse-Paris… mais au ralenti … puis arrêt.

2ème annonce 

« Des personnes sont sur les voies ». Un voyageur a eu un léger malaise et nous sommes informés qu’un médecin est à notre disposition en voiture quatre : quel réconfort ! Nous voilà repartis, mais toujours à allure très modérée…

3ème annonce 

« Le ralentissement est dû à un TER omnibus qui précède notre TGV ». Dans les wagons, l’impatience et le ras-le-bol montent. Bref arrêt à Bordeaux et en route pour Paris à grande vitesse (300 km/h) pour rattraper les retards… mais… à Pliboux, entre Angoulême et Poitiers, nouvel arrêt en pleine campagne !

4ème annonce 

« Panne électrique d’où réduction de la ventilation, de l’éclairage, du chauffage et pas d’accès aux WC »

 « Trop c’est trop ! » La nuit est tombée. On ouvre les valises ou les sacs : on sort les lainages. Les portables qui crépitaient dans tous les wagons deviennent des lampes de poches et on ne peut même pas les recharger ! Après l’attente d’une autorisation, premier bol d’air : le conducteur ouvre les portes mais pas question de quitter sa place.  

5ème annonce 

« Pas de réparation possible sur place ». Un deuxième TGV est programmé pour remplacer le train défaillant. En attendant, deuxième bol d’air autorisé en descendant du train avec ou sans « pause-toilettes » dans la nature. Escalade du talus dans la joie et en chantant des jeunes générations. « Il est minuit », crie l’un d’eux, « nous n’arriverons pas aujourd’hui à Paris ! » Remontée laborieuse dans les wagons d’où nous voyons passer quelques trains, un coup dans un sens, un coup dans l’autre sur la seule voie restée libre, sans télescopage, heureusement.

6ème annonce 

« Erreur d’aiguillage du train de secours » 

ECLAT  DE  RIRE  GENERAL DE  TOUS  LES VOYAGEURS !!!

Un troisième TGV devait arriver rapidement… il met plus de temps que prévu… La somnolence s’empare des adultes, plus difficilement des enfants et des bébés que des parents, épuisés, s’efforcent d’endormir…

7ème annonce 

Transfert des passagers avec leurs bagages. La SNCF a fait appel aux services d’urgence : pompiers, police, croix rouge, etc. Au milieu des projecteurs, ils aident les voyageurs à descendre du train, à porter leurs bagages sans trébucher sur le ballast. Tout le monde est réinstallé dans le train de secours : OUF !!! Les paniers-repas sont vite distribués et avalés. Enfin, calme, pénombre et sommeil…

8ème annonce 

« Votre train va arriver en gare de Paris-Montparnasse ». Pas de correspondance. Si personne ne vient vous chercher, vous avez le choix entre l’hôtel et les taxis, le tout au frais de  la SNCF. L’un d’entre eux nous dépose à Bagneux à 4h30 du matin : fin d’un voyage Toulouse-Paris de 12 heures en TPV (Train à Petite Vitesse).

9ème annonce 

Billets remboursés à 200 %. Un geste « doublement » apprécié !