Nouvel atelier hors les murs pour nos écrivants ! Cette fois, A Mots croisés a investi un lieu méconnu, l’écomusée de Fresnes que nous remercions vivement pour son accueil.
Autrefois bergerie de la ferme de Cottinville d’une superficie de 214 m², la grande salle de l’écomusée accueillait l’exposition : « Ça roule ! Petites histoires de vélo en banlieue sud » qui brossait l’histoire, les usages, la pratique du vélo et du rapport intime que nous entretenons avec cet objet synonyme de loisirs, de liberté, d’effort, d’émancipation et d’avenir.
Après la visite guidée de l’exposition, Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à imaginer une fiction où le vélo est au centre du récit. Petites contraintes d’écriture : utiliser l’un des incipits distribués en début d’atelier et terminer le récit par une question.
C’est grave, docteur ?
Par Jean-François Games
Descendant de ma bécane, et plus tard dans la soirée, j’ai ressenti cette trace urticante. Après une longue balade printanière à vélo à travers la forêt où les feuilles d’un vert tendre filtraient les rayons du soleil, où les oiseaux piaillant de-ci, de-là accompagnaient mes sprints rageurs motivés par ces bravos de mes compagnons de parcours, comme un encouragement de ces volatiles à affronter la multitude qui venait s’écraser sur mes lunettes ou bourdonner à mes oreilles perturbant ainsi mon impression de liberté et de griserie de l’effort et de la vitesse, j’étais à peine descendu de ma monture à deux roues que cela a commencé à me piquer en bas de la fesse. J’ai cru à une piqûre d’insecte. J’ai, alors, gratté pendant cinq bonnes minutes, mais cela ne calma pas la crise. Je me décidai à m’asseoir dans une bassine d’eau remplie de glace, sortie du congélateur.
Au bout de dix minutes, j’avais les fesses gelées, devenues bleues. Je commençais à paniquer. Je me suis précipité dans l’armoire à pharmacie de maman avec l’espoir de trouver un antihistaminique. J’ai fouillé avec ardeur, écartant de nombreux produits : crème « repulpante », pommade réhydratante, nettoyant, visage avant de repérer une crème au parfum de camphre. Comme je connais quelques sportifs qui utilisent le camphre après l’effort, je m’en suis badigeonné une énorme quantité.
Rien ne se passait, ça piquait et grattait toujours. Mon seul espoir restait la confection d’une tisane avec des feuilles de la forêt, mais quelles feuilles ? Je devais agir vite car le couchant et la fraîcheur associée approchaient. Je m’empressais de feuilleter la documentation herboristerie de la biblio, mais je ne trouvais pas l’inspiration.
Je m’apprêtais à mettre une casserole d’eau à bouillir et y jeter quelques épices comme le curcuma et les clous de girofle et des herbes, thym et romarin, tout était bon pourvu que cette crise s’arrêtât lorsque je sentis ma fesse apaisée. Elle ne grattait plus. Était-ce l’effet de la crème ?
Mais alors, sous mon œil gauche qui commençait à larmoyer, apparut l’effet urticant. Je ne savais plus quoi faire, mettre la crème au camphre sous l’œil ? C’était la catastrophe. Et voilà, c’est là que je vous ai appelé en urgence, en début de soirée…
Dites-moi, docteur, vous faites une drôle de tête ! Est-ce grave ? Ai-je développé une allergie ? Pas au vélo, j’espère ?
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