Choix crucial

Nouvel atelier hors les murs pour nos écrivants ! Cette fois, A Mots croisés a investi un lieu méconnu, l’écomusée de Fresnes que nous remercions vivement pour son accueil.

Autrefois bergerie de la ferme de Cottinville d’une superficie de 214 m², la grande salle de l’écomusée accueillait l’exposition : « Ça roule ! Petites histoires de vélo en banlieue sud » qui brossait l’histoire, les usages, la pratique du vélo et du rapport intime que nous entretenons avec cet objet synonyme de loisirs, de liberté, d’effort, d’émancipation et d’avenir.

Après la visite guidée de l’exposition, Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, a invité le groupe d’écrivants à imaginer une fiction où le vélo est au centre du récit. Petites contraintes d’écriture : utiliser l’un des incipits distribués en début d’atelier et terminer le récit par une question.

Choix crucial 

Par Nathalie Picrel

Je n’avais pas prévu de finir à l’hôpital ce jour-là, à cause d’une omelette.

Ce matin-là, je suis parti en forêt. Non pas à pied, mais avec mon splendide vélo tout terrain dernier cri. Vous savez, celui que j’ai acheté pour une valeur de mille euros. Paré de mon casque et de mes lunettes de protection, je chevauche ma monture. Élégamment bien sûr ! Je pose en premier le pied gauche sur la pédale et j’appuie de toute mes forces. Je monte la route des gardes à Versailles en enclenchant la vitesse petit pignon, petit plateau. Mon vélo comporte trois plateaux et vingt-et-une vitesses. L’air frais, en ce début d’automne, me brûle un peu en entrant dans mes poumons. Je ne sais plus exactement la raison de mon escapade mais je crois que c’est pour atténuer le petit vélo qui trotte dans ma tête en ce moment.

Arrivé dans les chemins rocailleux de la forêt de Versailles, les suspensions de ma bicyclette me bercent. Ma tête se libère mais mon estomac se réveille. En effet, il est midi passé. Le temps de rentrer de cette balade, il me faudra une demi heure.

L’automne pare les arbres de couleurs flamboyantes et j’aperçois un champignon le long d’un arbre. Ni une, ni deux, je pose mon vélo contre l’arbre et je m’enfonce à pied dans la forêt. Je reviens le sac à dos avec environ cinq cents grammes de champignons. Ma connaissance dans les espèces de champignons étant très rudimentaire, je décide, sur le chemin du retour, de m’arrêter chez l’apothicaire. Je me mets en selle et pour la descente, j’enclenche le grand plateau grand pignon.

L’apothicaire de Sèvres me confirme que les champignons sont comestibles. Je rentre chez moi avec hâte et je monte les escaliers avec ma bicyclette, juchée sur mon épaule. Je me dépêche d’allumer la gazinière. Je sors les œufs pour une omelette aux champignons dont je me souviendrai longtemps. Verdict intoxication à des œufs ayant dépassé la date de consommation. Je n’aurai jamais pensé à les apporter eux aussi chez l’apothicaire !

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