Pour le dernier atelier de la saison d’écriture 2024-2025, À Mots croisés est parti à la rencontre d’une association balnéolaise : Les Simones, que nous remercions vivement pour son accueil. Les ateliers hors-les-murs permettent de renouveler nos pratiques d’écriture et d’ouvrir autrement nos imaginaires.
Annie Lamiral , intervenante À Mots croisés, est allée à la rencontre de Carol Rose pour en savoir plus sur Les Simones !
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce lieu, sur son histoire ?
En fait, ce que je sais m’a été raconté par des gens qui ont vécu dans la maison ou bien par des voisins. Le pavillon date des années trente. Il y a fort longtemps vivait ici un chimiste qui avait son laboratoire au sous-sol. Les voisins entendaient des pétarades, des explosions assez régulièrement puisqu’il y faisait des expériences. D’ailleurs, nous avons retrouvé une paillasse, dans la cave. Cette salle s’appelle maintenant « le labo » !
Il y a eu d’autres propriétaires. Un jour, une vieille dame, dans les 80 ans, est entrée. Elle s’est figée dans l’entrée, son visage exprimait à la fois le désarroi et la curiosité. C’était impressionnant ! Submergée par l’émotion, elle m’a dit : « C’est la maison de mon enfance. Je vivais ici avec mes parents et ma sœur. Cela fait plusieurs fois que j’avais envie de franchir le seuil, mais aujourd’hui je regrette. Au rez-de-chaussée, il y a plein de choses qui me rappellent mon enfance comme le magnifique carrelage. » Elle n’a pas voulu monter à l’étage. Elle est partie, très rapidement. C’était en 2019.
Un autre jour, un monsieur avec une barbe, la quarantaine, est entré. C’était le petit-fils de la dame qui a vécu au 17 de la rue Blanchard, juste derrière la nôtre. C’est lui qui m’a raconté l’histoire du chimiste !
La dernière personne qui est venue nous parler du pavillon est une femme, qui avait acheté le pavillon dans les années 80. Elle était très heureuse de rentrer dans la maison et de voir que, finalement, rien n’avait changé. C’était les mêmes couleurs aux murs. Elle a élevé deux enfants dans cette maison, puis la famille est partie. Elle était très heureuse de voir ce qu’on en avait fait, que la maison était ouverte à tous.
Pourquoi ce lieu est-il devenu en 2019 … les Simones ?
J’habite à Bagneux depuis 32 ans et je suis sophro-analyste. Je voulais créer un tiers-lieu dédié au bien-être, mais également au soutien aux entrepreneurs de ce secteur, et au circuit-court. Un lieu de mutualisation d’espaces et de croisements d’activités, où les citoyens engagés peuvent venir expérimenter des idées sur mieux faire ensemble. J’ai rencontré des gens chez Casaco, une tribu coopérative, à Malakoff, mais aussi Magali Pech qui est réflexologue plantaire à Bagneux. Elle a participé à l’élaboration du projet que j’avais en tête et que j’ai écrit par la suite.
En 2016, j’ai rencontré le promoteur Lamotte, qui recherchait des partenaires avec des projets liés à l’économie sociale et solidaire. Je lui ai présenté le projet des Simones ! Il a remporté le concours d’aménagement du quartier. Comme il avait l’endroit pour accueillir le tiers-lieu – ce pavillon où nous sommes aujourd’hui – nous avons pu emménager en 2019. Nous sommes la préfiguration du futur quartier Blanchard/Croizat-Fortin. Le projet s’appelle maintenant « Le Temps sur mesure ».
Actuellement, le Tiers-Lieu est une association. L’idée est que plus tard, les habitants rejoignent les Simones, que le lieu devienne un bien commun et que nous devenions une coopérative de quartier.
Pourquoi… les Simones ?
J’étais chez Casaco. On a rassemblé nos idées sur le projet de développer d’autres façons de vivre, d’être ensemble, de prendre soin de soi, de récupérer notre pouvoir ! Comme je suis féministe et ne m’en cache pas, il était important que les femmes s’autorisent à dire : je ne suis pas d’accord avec ça, moi je veux ça ! Je veux que l’on me respecte. Ces idées étaient sous-jacentes. Et quelqu’un s’est mis à parler de Simone de Beauvoir, de Simone Weil, la philosophe, et là… c’est devenu un blague : « Tu t’imagines dire, viens on va manger chez Simone … » Et, puis, à un moment donné, tout le monde s’est dit : « Là, on tient quelque chose ! ». « Les Simones », c’est un état d’esprit nourri par plusieurs personnes ! Tout le monde était d’accord, ce serait : « Les Simones, le tiers-lieu pour vivre mieux ! »
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’association ?
Les Simones soutiennent l’alimentation locale, pensent santé au naturel, répondent aux besoins de professionnels du mieux-être, des praticiens du yoga, du shiatsu, des naturopathes, etc. Nous proposons aussi un espace culturel, des concerts, des expositions. Pour nous, c’est important que chacun puisse écouter de la musique… gratuitement ! Les artistes sont en fait rétribués au chapeau. Depuis deux ans, nous avons un jardin partagé. Tout l’espace vert autour de la maison devrait devenir « le mail sauvage ».
Vous ouvrez vos portes à nos écrivants. Pourquoi ?
Je trouve les ateliers d’écriture merveilleux. Ce sont des espaces de liberté. Tu peux devenir quelqu’un d’autre ! Je trouve cela joli quand les gens s’autorisent à se surprendre eux-mêmes, à poser sur le papier des mots qui deviennent des histoires et dont ils ne se seraient jamais imaginés capable ! Je pense que tout le monde devrait en faire ! Parce qu’on s’imagine qu’on ne sait pas écrire, mais ce n’est pas vrai ! C’est une idée reçue !
Je suis très contente que vous veniez écrire ici, que vous puissiez vous imprégner du lieu ! Tout à l’heure, j’ai oublié de dire que, quand on a emménagé, on a découvert que la maison avait longtemps été… je pense au moins dix ans… la synagogue de Bagneux. Ici, nous sommes dans le lieu de culte. L’autel était là… une armoire avec des choses sacrées dans le coin…
Le mot de la fin, un petit questionnaire de Proust :
Si vous étiez une fleur… une rose d’un rouge profond
Si vous étiez un animal… un éléphant
Si vous étiez une couleur… violet
Votre verbe préféré… festoyer
Votre mot préféré… aimer
Un rêve… une maison avec des grandes baies vitrées qui donnent sur une forêt. Et, le matin, tu sors avec ta tasse de café, tu fermes les yeux et tu sens l’odeur de la terre et des feuilles mouillées. C’est magnifique !
Votre message … Continuons de rêver !
Merci, Carol !
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Les Simones
17 bis, rue Blanchard, 92220 Bagneux
lessimones92@gmail.com
Casaco
6, avenue Jean Jaurès, 92240 Malakoff
bienvenue@casaco.fr
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