La maison aux secrets

Pour le dernier atelier de la saison d’écriture 2024-2025, À Mots croisés est parti à la rencontre d’une association balnéolaise, Les Simones, et de Carol Rose, que nous remercions vivement pour son accueil.

Dans ce pavillon des années 30, nos écrivants ont eu le loisir de s’imprégner des lieux et de libérer leurs imaginaires. Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, les a invités à raconter des histoires pleines de mystère.

Nous vous laissons tout au plaisir de lire le récit de Francine ! 

La maison aux secrets

C’est le grand jour, nous emménageons dans la maison de Bagneux, au 17 bis rue Blanchard. Tour de clé dans la serrure et la porte s’ouvre dans l’entrée blanche avec son escalier en bois. Maman nous invite à le monter « Allez, mes petits diables, vos chambres sont en haut ».

Papa et les déménageurs ont tout installé avant notre arrivée. Je retrouve mon lit bateau, mon bureau en bois de pin, mes jouets dans leur coffre et mes livres sur les étagères, le tout bien rangé. Je saute et m’affale sur ma couette Mulan, les yeux perdus dans le blanc du plafond. Je crois que je vais être heureuse ici.

Au cours du repas d’hier soir, Papa a parlé des travaux et des trouvailles faites avec l’entrepreneur. Il nous a raconté que dans la cave, l’ancien propriétaire avait installé un laboratoire chimique et faisait des expériences bizarres. Ainsi, que le déplacement d’une vieille armoire en fer rouillé, leur avait dévoilé une porte en bois vermoulu et à la peinture jaune écaillée. Ils n’avaient pas réussi à l’ouvrir et avaient vite abandonné, remettant à plus tard de faire sauter la serrure. 

Le lendemain, avec mon frère Benjamin, lui préfère se nommer Benjy, nous entreprenons de visiter la maison et de découvrir ses secrets. Après une nuit pleine de fantasmes, ce matin notre imagination est aiguisée par le récit de la veille et nous sommes prêts pour l’aventure. Nous sommes devant la fameuse porte. Armé des outils de papa, Benjy tripatouille la serrure qui finit par céder. Nous tirons de toutes nos forces le battant branlant, qui risque de tomber en poussière à tous moments. Torches électriques en main, nous avançons avec précaution dans ce qui semble être un passage en pierres taillées irrégulièrement. Le tunnel est étroit, nous marchons la tête baissée, les toiles d’araignée nous frôlent et s’agrippent dans notre chevelure. L’odeur de renfermé et de champignon nous prend à la gorge et nous fait éternuer. Nous marchons, nous marchons, la longueur de cette galerie nous paraît interminable. Enfin, nous pouvons nous redresser, nous arrivons dans une salle remplie pèle mêle d’objets en fer oxydé, d’un lit en bois pourri avec une paillasse rongée, de journaux jaunis de « La gazette de France » et dans un coin des vêtements jetés à terre. Avec un bout de bois, je lève les morceaux de tissu qui se déchirent, une veste bleue avec des épaulettes, des bandes qui avaient été blanches et un pantalon rouge ; un uniforme. Plein de questions se bousculent. Qui a vécu là ? A qui appartient cet uniforme ? De quand date-t-il ? Pourquoi cette cachette ? Avec mon téléphone portable, je prends des photos. Sur Internet, nous allons bien découvrir quelque chose.

Retour à la maison, par le même chemin. Nous avons le cœur qui bat plus vite d’excitation de notre découverte. Benjy échafaude plein de théories, toutes plus étranges, comme il y a peut-être un trésor caché, que l’homme en était le gardien. Ou que cet homme était un prisonnier de bandits, ou encore que c’était une expérimentation du chimiste comme Dr Jekyll et Mr Hyde. 

Maman nous attend dans la cuisine, elle a sa tête des mauvais jours. « Où étiez-vous ? Ça fait plus d’une heure que je vous cherche partout, je me suis inquiétée. Dans quel état vous êtes, où vous avez traîné ? » Tout penauds, nous lui expliquons notre butin dans la pièce au bout du passage de la cave. « Quoi ! Vous avez ouvert la porte. Attendez que votre père rentre. Soyez sûr qu’une belle punition vous attend ! »

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