Après « Le paysage, la nature sauvage », « L’arbre en miroir», « Autour de l’eau », Ghislaine Tabareau-Desseux, intervenante À Mots croisés, nous a invités à un atelier consacré aux habitudes adoptées pour « faire du bien » à la planète et à imaginer un récit où le personnage central ferait face à son engagement pour la planète.
À suivre le récit de Francine !
La révolution
Ce soir, les parents organisent une réunion de famille, après le dîner. Le repas servi par Mam commence par un potage au goût étrange, mais acceptable, suivi d’une salade zarbi avec des feuilles d’épinard, des endives, des fanes de chou chinois émincées, des cubes de betterave et bien d’autres choses que je n’arrive pas à reconnaître. Pour finir ce frugal repas, des yaourts au lait entier faits maison dans l’autocuiseur, eux ne sont pas mauvais. Que vont-ils nous inventer encore ? Avec Alexis, mon frérot, nous nous asseyons sur le tapis en laine et nous nous regardons. Père sort un grand tableau.
– Les enfants, avec votre mère, nous avons décidé de faire un règlement familial pour la gestion commune de la vie de la maison. Voilà nos décisions.
Sur une feuille de papier recyclé, Papa nous indique, avec une règle en bois, une liste écrite de sa belle écriture :
– Prendre une douche de 3 mm tous les 2 jours, et arrêter l’eau pendant le savonnage
– Nettoyer les vitres de la douche après utilisation, avec le chiffon prévu à cet effet, pour éviter le nettoyage avec des produits industriels
– Arrêter l’eau pendant le brossage des dents
– Se changer de vêtements une fois par semaine, les sous-vêtements tous les deux jours, jour de la douche
– Faire des machines à laver le linge une fois par semaine et à basses températures,
– Arrêter l’utilisation des téléphones portables à partir de 19 h et jusqu’au lendemain 8 h
– Utiliser l’ordinateur 1 h par jour et pour des besoins scolaires uniquement
– Faire les courses avec nous, à pied et aider à ranger, selon l’étiquetage des étagères
– Passer le balai dans la salle à manger, à tour de rôle après les repas, l’aspirateur dans toute la maison une fois par semaine
– Récupérer l’eau du lavage des légumes et autres pour l’arrosage des jardinières ou du jardin
– Récupérer les épluchures des légumes pour le composteur
– Faire le tri sélectif des déchets dans les poubelles de la ville
– Se laver les mains dans la bassine avec peu de savon maison, ne pas jeter l’eau et arroser, le soir, les jardinières
– Débrancher tous les appareils non utilisés (ordi, tv, micro-onde, radio-réveil le week end),
– Éteindre la lumière à 22 h comme la TV
– Aider au jardin pour avoir le plus de légumes bio
– Couper le bois pour le chauffage, les radiateurs électriques mis au rebut
– Aider à la préparation des produits ménagers et corporels naturels
Et ça n’en finit pas. Alexis a le regard abattu, et moi, je suis yomb. Est-ce que c’est une plaisanterie ? Depuis qu’ils sont devenus écolos, c’est l’enfer à la maison.
Au début, c’est plutôt cool de faire son savon, sa lessive, son dentifrice ou ses produits ménagers. Atelier du dimanche après-midi en famille, mais maintenant, ce n’est plus que des restrictions ou des interdictions.
Au collège, mes copines me regardent en biais et se moquent de mes vêtements d’occasion, de ma coupe de cheveux « maison » et de mon parfum disons « original » que Mam a entrepris de faire avec des fleurs cueillies au gré de nos balades.
Alexis, assez cool et pro écologie, commence à se rebeller. Ne plus pouvoir tchatter avec ses copains, le soir, dans sa chambre, ne plus pouvoir aller sur Internet pour les résultats de foot, ne plus faire ses entraînements en rentrant des cours, pour raison des courses en famille ou du jardinage avec Papa. Il est en PLS. Le règlement est encore plus drastique, c’est la goutte qui fait déborder le vase.
Là, ensemble, nous allons faire la révolution, la révolution contre l’écologie.
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