Vous êtes petite, moyenne ou haute montagne ? Peu importe ! Aujourd’hui, écrivez votre récit en vous laissant inspirer par l’un ou l’autre de ces mots ou en les utilisant (presque) tous dans votre récit.
Ravin – tunnel – altitude – marmotte – gentiane – cascade – chalet – alpage – col – escalade – écho – vertige – ascension
Bonne écriture !
🗻🥾🎿⛷️🚠🧗♀️⛸️❄️☃️🐐🐵🐺
Et, pour le plaisir, (ré-) écoutez « La Montagne » de Jean Ferrat (1967). Paroles ci-après.
« La Montagne » de Jean Ferrat (1965)
Ils quittent un à un le pays
Pour s’en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps, ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux, ça n’était pas original
Quand ils s’essuyaient machinal
D’un revers de manche, les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
Pourtant
Que la montagne est belle
Comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles
Que l’automne vient d’arriver?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu’au sommet de la colline
Qu’importent les jours, les années
Ils avaient tous l’âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C’était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
À ne plus que savoir en faire
S’il ne vous tournait pas la tête
Pourtant
Que la montagne est belle
Comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles
Que l’automne vient d’arriver?
Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l’autre non
Et sans vacances, et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n’y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s’en faire
Que l’heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l’on aime
Et rentrer dans son HLM
Manger du poulet aux hormones
Pourtant
Que la montagne est belle
Comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles
Que l’automne vient d’arriver?
Récit imaginé par Carmen :
À cette altitude, le froid enveloppait Jules. Il avait passé la nuit dans un ancien chalet d’alpage, qui s’appelait autrefois « Les Gentianes ». Hier matin, il avait quitté le confort de son hôtel dans la vallée pour une ascension dans le massif des Écrins. Un défi pour ce jeune homme qui souffrait non seulement de vertige mais également d’un handicap physique.
Il avait escaladé sans difficulté le premier col malgré la présence d’un ravin.
Néanmoins, la fatigue se faisait ressentir et cette halte dans ce vieux chalet lui procura le repos nécessaire pour repartir dans de meilleures dispositions.
Il frottait ses mains pour les réchauffer. Le jour se levait à peine, de jeunes marmottes jouaient sans se soucier du danger venu des airs. Seules les plus expérimentées d’entre elles surveillaient les environs.
Jules était heureux d’être là dans cette montagne qui se faisait accueillante pour qui savait la respecter. Il commençait à entrevoir le bout du tunnel. Bien sûr, il connaissait les risques liés à son état et si son entourage l’avait fortement dissuadé d’entreprendre cette aventure, il avait conscience de la nécessité de se dépasser. Une question de survie, disait-il, je dois me prouver que j’en suis encore capable.
Il rangea son barda, saisit ses béquilles spécialement conçues pour lui et reprit sa route. Il allait la voir cette cascade, coûte que coûte. Cette fois, il irait au bout de ce qu’il s’était promis. Peu importe que son accident lui ait valu d’être amputé d’une jambe. La montagne la lui avait prise, mais elle lui avait enseigné la résilience et le dépassement de soi. Le handicap, il en faisait son affaire, son atout et sa force.
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Récit imaginé par Carole :
Je n’aime pas la montagne. Et cette idée de randonnée pédestre à Val d’Isère ne m’enchante pas beaucoup.
– Tu verras ! Là-bas les marmottes mettent le chocolat dans les tablettes ! me dit Mathieu.
– Très drôle ! dis-je, le pouce levé.
Nous arrivons à la gare de Bourg-Saint-Maurice vers onze heures où un taxi nous attend pour nous conduire au chalet.
L’air pur et frais tranche avec celui, pollué, de Paris.
– Ah, qu’est-ce qu’il fait bon ici ! dis-je à Mathieu.
Le guide nous accueille, et lorsque le groupe est au complet, il donne le top départ de notre randonnée pédestre. Nous marchons plus d’une heure sans nous arrêter sur des chemins parfaitement balisés, ce qui facilite notre ascension. Plus je grimpe, plus j’ai l’impression de manquer de souffle avec l’altitude.
– C’est parce que vous n’avez pas l’habitude de cette altitude, respirez tranquillement, me dit-il pour me rassurer.
Notre randonnée nous conduit jusqu’à une plaine. C’est à ce moment que le guide nous informe :
– Nous ne montons pas le prochain col tout de suite. Nous restons ici pour le casse-croûte. Nous l’entamerons vers quinze heures si vous êtes d’accord. Profitez-en pour prendre des forces.
Nous voilà installés dans l’herbe à sortir nos sandwichs. Le guide nous suggère de manger en silence pour apprécier le moment présent. Sa voix fait un écho dans la plaine et surprend tout le monde.
– Bonne idée ! me dis-je, assez les bavardages !
La vue est magnifique. Une cascade sort du haut de la montagne et chute dans un ravin que l’on devine. Le ciel s’étend à perte de vue, en contrebas la ville apparait en miniature. Cette perspective me donne le vertige. Plus bas, un troupeau de brebis pâturent paisiblement dans les alpages. À quelques mètres de nous, un parterre de gentianes jaunes fleurit joliment.
Yeux fermés, j’apprécie le silence, lorsque j’entends la voix de Mathieu :
– Hé, Caroline ? La montagne te gagne ?!
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Récit imaginé par Francine
Encore quelques marches et mon ascension arrive à sa fin, après un passage dans l’ascenseur, je serai au sommet. Maintenant, j’ai droit à ma récompense, une petite flûte accompagnée de macarons, dans le bar à champagne, en altitude et avec une vue imprenable sur Paris et ses trésors.
Je suis en haut de la tour Eiffel, 276 m au-dessus de la ville lumière. La dame de fer domine la capitale depuis l’Exposition Universelle de 1889 et reste l’un des monuments les plus visités de Paris. Je savoure mon délicieux breuvage et mes pâtisseries en admirant le panorama.
Je ne sais pas pourquoi, mais je repense au récit de mon médecin. À une de ses patientes ayant des problèmes respiratoires, il avait conseillé de partir à la montagne, au grand air. Des mois plus tard, elle revint le consulter. Il la trouvait en meilleure forme et la félicitait d’avoir suivi ses recommandations. Elle lui répondit qu’elle n’avait pas les moyens de partir et qu’elle était montée à la Tour Eiffel plusieurs fois par semaine, la plus haute altitude de Paris.
Je me mis à rire toute seule.
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