Et, si vous nous racontiez une partie de pétanque ou de boule lyonnaise, en Provence ou ailleurs ?
Comme ces petits défis de l’été sont des « jeux » d’écriture, l’approche se veut ludique. Vous pouvez donc construire votre récit autour d’un autre jeu de l’été, un jeu de plein air ! Le croquet, les palets, une partie de belote sur la terrasse, une partie de dés, de dames ou d’échecs.
Vous pouvez aussi prendre un dé, le jeter, le chiffre indiqué va devenir l’élément central de votre récit ou bien vous allez jouer avec ce chiffre dans votre écriture. Exemple : la face de votre dé indique le chiffre quatre. Votre récit va démarrer à un 4 avril ou à quatre heures du matin, le personnage conduit une 404 où il vient de cuire un quatre-quarts où il à gagné à un jeu de grattage avec la combinaison 4-4-4, etc. , etc.
Si vous tombez sur le 2, vous pourrez raconter l’histoire de jumeaux ou de jumelles qui partent en tandem dans les Deux-Sèvres…
C’est à vous de jouer !
Récit imaginé par Carmen
Il lui fallut pratiquement une bonne heure pour quitter Marseille. Cette ville devenait difficile à vivre avec ses automobiles de plus en plus nombreuses et ses incivilités quotidiennes. Pourtant, il l’aimait cette cité phocéenne qui l’avait vu grandir ,évoluer pour devenir l’homme qu’il était aujourd’hui. Toute la journée, il avait expédié quelques affaires courantes. Surtout des rendez-vous à prendre et des signatures de toutes sortes. Sa société de production c’était son bébé mais un bébé exigeant.
Plus que jamais, il ressentait l’impérieuse nécessité d’un retour aux sources. De revenir sur les lieux de ses années de bonheur simple et authentique.
Il roula sur la route qui menait d’Aubagne à Aix. Celle-là, il l’avait faite tellement de fois. En tram, à pied et dans une charrette tirée par deux mules plus têtues qu’un troupeau d’ânes. Chaque arbre lui parlait et semblait le saluer. Parvenu sur la place du village de la Treille, il constata que rien ou presque n’avait changé depuis toutes ces décennies.
Il gara sa traction avant devant l’unique café et sortit. La fontaine désaltérait toujours l’assoiffé, les platanes protégeaient les anciens assis sur leur banc. Il ferma les yeux un bref instant. Et là, il entendit comme une voix venue d’outre-tombe.
– Alors Monsieur le professeur, on pointe ou on tire. Parce que c’est pas pareil, vous voyez. On vous apprend pas à jouer à la pétanque à l’éducation nationale ? Peuchère, on est pas rendu avec vous.
Il se souvint de cette mémorable partie de pétanque avec les villageois, bien décidés à faire embrasser Fanny à son père. Il avait tout juste dix ans mais il savait que l’honneur familial était en jeu. Ce n’était pas qu’une simple histoire de boules, c’était une histoire d’orgueil et d’inacceptation dans cette société paysanne. Son instituteur de père passait pour un notable de plus parmi ces forçats de la terre, le maire, le curé et le notaire leur suffisaient largement. Alors la pétanque devenait la revanche des petites gens face à des hommes qui entendaient leur dicter leurs vies. Ce jour-là, père et fils avaient échappé à l’humiliation suprême mais ayant néanmoins perdu, le brave enseignant offrit l’apéritif à tout le village. Ce fut le début d’une belle aventure pour l’enfant qu’il était alors.
Soudain, tandis qu’il fumait une cigarette, il fut tiré de ses souvenirs. Le cafetier l’avait reconnu. Décidément, même ici, il n’arrivait pas à passer incognito.
– Oh, bonne mère, vous êtes Mr Marcel ! J’en suis tout estourbi. Bobonne vient vite, on a une vedette chez nous.
Il jeta la cigarette, il s’apprêtait, comme à chaque fois dans pareil cas, à signer un autographe.
Marcel Pagnol eut un grand sourire. À la Treille, il n’était pas Monsieur Pagnol, mais Marcel. Juste Marcel.
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