Un jour au l’autre, on a tous goûté au plaisir de se reconnecter avec la nature et de cueillir une herbe, une feuille, une fleur, un fruit (un ou plus) au cours d’une balade. Quelques-uns parmi nous sont allés jusqu’à la récolte consciencieuse pour faire des confitures, des conserves, des bocaux, des tisanes, des sirops, etc., pour les sécher, les stériliser ou les congeler.
Alors, racontez-nous votre cueillette ! Posez le cadre.
On veut entendre les gazouillis d’oiseaux, trembler un feuille, murmurer la rivière, sentir l’humus…
Vous faites un pas … une branche craque, un rayon de soleil vous éblouit, vous découvrez blotti, sous une fougère, un champignon, une pleurote, une morille, un cèpe.
Ou bien vous faites un pas … vous découvrez des mûres, du sureau, du muguet, des marguerites ou un trèfle à quatre feuilles.
Vous faites un pas, le nez en l’air, vous voyez un noisetier, un cerisier, un pommier, un sureau.
Dites-nous tout (ou presque) sur vos émotions du moment. Surprise, joie, doute, inquiétude… On veut sentir, on veut toucher, on veut goûter la chlorophylle ou le jus du grain de cassis qui gicle sur votre palais, on veut humer la nature avec vous ou avec votre personnage.
Bien sûr, vous ne parlerez que d’une récolte respectueuse de la nature ! N’oubliez surtout pas de peaufiner votre chute. Elle doit être inattendue, surprendre, faire esquisser un sourire, provoquer le rire (ou les larmes) du lecteur !
Récit imaginé par Carmen :
J’avais dix ans et je m’ennuyais tellement durant cet été à la campagne. On m’avait envoyé dans la ferme de mes grands-parents pour y passer les vacances scolaires.
Mais rien à faire dans ce coin perdu du Berry, à part se promener du matin au soir, se baigner dans la Salmane presque à sec, chasser les sauterelles.
Aussi, lorsqu’une voisine de la ferme d’à côté me proposa d’aller l’aider à ramasser les mûres, je sautais sur l’occasion de me distraire un petit peu. La vieille paysanne vint me chercher très tôt le matin, prétextant qu’à la fraîche, les fruits n’en sont que meilleurs et que la confiture serait encore plus délicieuse.
Le soleil se levait à peine, une légère odeur d’herbe mouillée montait dans l’air. Les oiseaux chantaient dans les arbres, les abeilles étaient déjà à l’œuvre. Je voyais la nature différemment comme si je découvrais pour la première fois.
J’avais mis un pantalon court, un débardeur car je craignais d’avoir trop chaud et des tongs. La voisine de mamy, couverte de la tête aux pieds, me demanda si je ne voulais pas plutôt mettre des manches longues et chausser une paire de bottes. Je secouais la tête, frénétiquement, en guise de refus. Comme tu veux, me dit-elle tout en haussant les épaules.
Les plus beaux mûriers se trouvaient au bout d’un chemin qui longeait le bois tout proche. Munies d’un panier chacune, nous devions ramasser les baies les plus noires, signe de maturité. Au début de la cueillette, j’étais enthousiaste, consciencieuse et j’avais même proposé de faire un concours. Celle de nous deux qui ramènerait le plus de fruits, serait sacrée championne.
Inutile de dire que j’y allais de tout mon cœur et que je ramassais tout ce qui se trouvait à ma portée. Seulement voilà, qui dit mûres, dit ronces. Je ne tardais pas à comprendre pourquoi ma tenue n’était pas adaptée à l’activité. Pour accéder aux fruits les plus beaux, j’allais devoir donner de ma personne et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, je me retrouvais couverte de griffures plus ou moins profondes.
J’avais mal. Au fond de moi, je voulais arrêter mais hors de question de renoncer au titre de championne. Alors, je continuais ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à ramasser. Nous rentrâmes, un peu avant midi, les paniers remplis mais je n’arrivais pas à voir lequel des deux en avait le plus. Ce fut papy qui trancha la question avec sa balance Roberval.
Je gagnais le concours de 150 grammes seulement et le sourire que j’arborais, en disait long sur ma joie. J’avais des égratignures de partout mais je ne songeais pas à me plaindre, j’étais bien trop heureuse d’être la championne des mûres.
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