Farniente

Farniente est un mot d’origine italienne. Il est composé de fare, « faire », et niente, « rien » (far niente). Le farniente (que l’on prononce généralement « farnienté »), c’est donc littéralement ne rien faire. On peut rapprocher la composition de “farniente” de la fausse étymologie de “fainéant” :  fait-néant. Mais le farniente renvoie à une douce oisiveté, une période de repos. Le farniente a une connotation positive, contrairement à la fainéantise. 

On trouve son emploi dès le XVIIe siècle, dans une lettre de Madame de Sévigné.

Ne soyez point en peine de mon séjour ici ; je m’y trouve parfaitement bien ; j’y vis à ma mode ; je me promène beaucoup ; je lis, je n’ai rien à faire, et, pour n’être point paresseuse de profession, personne n’est plus touchée que moi du far-niente des Italiens.

Lettre à Mme de Grignan, 16 septembre 1676

C’est si bon, si doux, si réconfortant, c’est si exaltant, si incroyable, si enrichissant, c’est si EXTRA… de ne RIEN faire ! 

Aujourd’hui, on parle aussi de « chiller », de procrastiner, de remettre à demain et encore à demain. Et, vous ? Dites-nous tout, racontez-nous un fragment de vie mémorable où vous avez coincé la bulle sans le moindre remords !

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Pour Pierre Daninos 

« Le farniente est une merveilleuse occupation. Dommage qu’il faille y renoncer pendant les vacances, l’essentiel étant alors de faire quelque chose. »

Pour Raymond Devos, ce fut le sujet d’un sketch. 

J’avais dit: « Pendant les vacances, je ne fais rien !… RIEN ! Je ne vais rien faire « .

Pour Joseph de Pesquidoux, Chez nous,1923

La journée est vouée au farniente. Les bœufs vagueront ou rumineront couchés au bord du bois, le chien chassera le mulot le long du ruisselet, les hommes entre deux manipulations du foin deviseront, museront, s’ébattront sous le chêne ami. 

Pour Théophile Gautier, Farniente

Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage

Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,

J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,

Loin des chemins poudreux, à demeurer assis

Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,

Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.

Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi

Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,

Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,

Le puceron qui grimpe et se pende au brin d’herbe,

La chenille traînant ses anneaux veloutés,

La limace baveuse aux sillons argentés,

Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.

Ensuite je regarde, amusement frivole,

La lumière brisant dans chacun de mes cils,

Palissade opposée à ses rayons subtils,

Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte

En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;

Et lorsque je suis las je me laisse endormir,

Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,

Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,

Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

Pour Marcel Proust, À la recherche du temps perdu

Pour un convalescent qui se repose tout le jour dans un jardin fleuriste ou dans un verger, une odeur de fleurs et de fruits n’imprègne pas plus profondément les mille riens dont se compose son farniente que pour moi cette couleur, cet arôme que mes regards allaient chercher sur ces jeunes filles et dont la douceur finissait par s’incorporer en moi.

2 commentaires sur “Farniente

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  1. Récit imaginé par Carmen

    J’aime ces moments d’apparente oisiveté qui vous font passer pour un fainéant. Sait on qu’il est très difficile de ne rien faire? Que c’est une occupation qui prend beaucoup d’énergie si l’on si adonne avec passion.
    En général, j’établis un programme qui peut me prendre la journée entière et parfois je continue le lendemain.
    J’apprécie de démarrer l’activité en douceur avec l’écoute intense des oiseaux . Je les connais chacun grâce à leurs mélodieuses vocalises . Et puis quoi de plus rafraîchissant que t’entendre le doux clapotis que fait la rivière au bout du chemin.
    J’imagine qu’elle chante pour les libellules et les demoiselles.
    Le vent qui souffle avec entrain couche les épis de blés qui crient grâce , mais le zéphyr est malicieux et il se prend dans mes cheveux défaits
    Le farniente c’est l’art de vivre au ralenti avec pour seul objectif de se retrouver face à face avec soi, face à face avec la nature.
    Carpe diem

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  2. Récit imaginé par Carole

    J’ai profité de ce week end du quinze août pour aller à la campagne chez mes grands-parents. Ils habitaient la belle ville de Madeleine-sur-Loing traversée par le fleuve, le Loing, dans le sud du bassin parisien.

    Ma grand-mère m’avait installée dans une chambre avec une fenêtre qui donnait sur le jardin.

    –        Voilà !  Tu pourras te reposer, je sais que tu en as besoin, me dit-elle.

    Le lendemain matin, le chant d’un pinson des arbres me réveilla. Il était onze quinze.

      – Tji tji tji tiup tjiup t tu tu tu !

    Je prenais plaisir à écouter ses sonorités joyeuses et harmonieuses. J’ai regardé par la fenêtre, mais le chanteur se cachait dans les hauteurs des arbres. Mes grands-parents m’attendaient à la table de la cuisine. Le carrelage ancien au sol et la fenêtre entrouverte rafraichissaient la cuisine.

    – Bonjour Marine, tu as bien dormi ?  me dit grand-père. 

    – Je te fais un petit café, ajouta ma grand-mère sans attendre ma réponse.

    La cafetière italienne était déjà prête, elle alluma la gazinière. En quelques minutes, j’eus un café parfumé, riche, robuste, une tartine de pain grillé et de la confiture de mirabelles cuisinée par ma grand-mère.  Ensuite, je pris un bain tiède que ma grand-mère avait préparé avec la bouilloire d’eau chaude.

    –        Ce n’est pas très prudent de transporter de l’eau chaude dans une bouilloire, lui dis-je. 

    –        Ne t’inquiète pas ! Nous, on se baigne à l’eau froide. J’utilise cette bouilloire lorsque nous avons des invités. Je me suis ensuite allongée à l’ombre du cerisier sur une chaise longue. J’ai posé le roman que j’avais en main et j’ai pris le temps de regarder le ciel : il était bleu, sans nuages. Un bon vent, venu du fleuve, passait dans les feuilles des arbres et me faisait du bien. Milo, le chien se coucha à côté de moi.  J’entendais le bruit de la canne de mon grand-père se déplacer dans la maison. J’étais allongée sur le transat, pieds en éventail et appréciais ce temps de pause. Les jours suivants, mes grands-parents ont tout fait pour me faire plaisir.

    C’est ainsi que j’ai passé ces trois jours de farniente chez mes grands-parents.

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