« Encrer les souvenirs avec des mots et des histoires »

Malgré un temps d’automne maussade et frisquet, Josette, Marie-Claude, Michel, Monique, Nicole et Thérèse ont pris le chemin de la Résidence autonomie Clos Lapaume de la Ville de Bagneux pour se lancer un nouveau défi personnel : écrire en atelier !

Pour certains, c’était une première. Une petite appréhension tiraillait les esprits de nos écrivants d’un jour allant jusqu’à la confidence : « J’ai du mal à écrire » …

« Encrer les souvenirs avec des mots et des histoires » s’est finalement révélé un exercice fort inspirant. Très vite, le groupe a posé des mots, des phrases. Très vite, tous ont été emportés par leurs souvenirs et les ont racontés avec une profonde sincérité. Pris par l’écriture de leur histoire, ils n’ont pas vu le temps passer… l’atelier, conçu par Annie Lamiral, intervenante À Mots croisés, donc duré plus longtemps que prévu, pour leur plus grand plaisir !

À lire quelques-unes de leurs histoires… fortes, touchantes, mémorables !

🔹Les vacances chez grand-mère Marguerite étaient des moments de bonheur. Elle était belle ma grand-mère, généreuse. 

Après la sieste et les histoires qu’elle inventait, qu’elle racontait si bien, venait l’heure du goûter. Joyeuse. De belles tartines de pain de campagne, recouvertes de crème fraîche épaisse, de sucre et de fraises écrasées. Je me revois sautillant sur la place de la Mairie, tartine en main. Un habitué du café d’à côté arrivait en chantant « Viens poupoule, viens poupoule, viens ». 

Il était drôle ce grand-père assis à la fenêtre qui mangeait un oignon en regardant au loin. Au loin ou en lui-même. Blessé à la guerre, il ne pouvait plus marcher et les blessures profondes de cette guerre l’avaient rendu muet.

Marie-Claude

🔹

J’avais à peine quatre ans lorsque j’ai eu les oreillons, c’est je crois le plus ancien souvenir de ma vie.

Pour me soigner, ma mère utilisait une pommade assez compacte, visqueuse et noire de chaque côté de mon cou, juste sur les oreilles, juste sous les oreilles. Ensuite elle recouvrait chaque partie pommade d’un gros morceau de coton hydrophile. Pour finir, elle me coiffait d’un bonnet de laine marron qui couvrait bien mes oreilles, elle nouait sous mon menton la cordelette afin que le bonnet reste bien en place. Je me souviens qu’à chaque fois, je pleurais. Je ne voulais pas mettre ce bonnet que je trouvais très moche en raison de sa couleur que je n’aimais pas, mais aussi de ses oreilles de chat sur le dessus de la tête qui ne me plaisait pas.

Pendant plusieurs jours il fallait recommencer les soins et c’était la même comédie. Pleurs, cris, je détestais ce bonnet marron aux oreilles de chat !

Josette

🔹

Pour Noël, Maman nous avait acheté, à ma petite sœur et à moi, un joli baigneur, mais très fragile. Bien sûr, ma petite sœur a cassé le sien, mais le mien était toujours très beau et elle a voulu le prendre dans ses bras. Elle est tombée avec. J’étais triste de le voir abîmé. Souvent, j’y pense encore, je le revois sur le banc où je l’avais posé.

Thérèse

🔹

Ce que j’aime mes souvenirs d’enfance, ma jeunesse. Les gens qui sont partis très loin et tout ce qui se passe dans les villes, les pays. Mes rêves, présents ou lointains. La nature, les animaux, les villes, les villages et surtout la vie qui s’écoule comme un long fleuve, tranquille ou fracassant. J’aime beaucoup la vie, les gens. On apprend beaucoup de la vie.

Monique

🔹

« Tu verras, la colonie est dans un château ! »

J’avais visité celui du Parc de Sceaux et une toute petite partie du château de Versailles. Cela m’avait suffi pour me mettre à rêver d’un château extraordinaire. Déception ! Dans la grande salle du rez-de-chaussée, il ne restait d’ancien que la cheminée. Autour, des tables comme à la cantine de l’école. Dans les étages rien d’époque : que des lits à ressorts avec des couvertures grises et beiges très moches et rugueuses.

Partout, des murs blancs, blancs, blancs !…sauf…en haut de l’escalier qui mène au dortoir des grands garçons. Je me retrouve face à face avec de magnifiques chardons bleus sur un fond de hautes montagnes encore enneigées au sommet : on s’y croirait !

« Les chardons » c’est le nom qu’a choisi l’équipe des « Grands ». A chaque levée des couleurs ils nous impressionnent en criant leur chant d’équipe : « Chardons pleins d’piquants, chardons pleins d’piquants, chardons pleins d’piquants partout, par devant, par derrière, par dessus, par dessous, chardons pleins d’piquants partout ! »

 Et moi, du haut de mes six ans, je n’ai d’yeux, quasiment amoureux, que pour leur moniteur. C’est lui , « Le Peintre » qui a ouvert une si belle fenêtre « dans le blanc » pour s’envoler du haut de l’escalier…

Nicole

 🔹

Il y avait plein de petites poules, de canards, de dindons et moi, au milieu, qui court après. Mais voici que vient le jar qui me court après. Je crie fort et monte sur une échelle. Maman arrive… ouf… pour me délivrer !

Monique

🔹

Beaucoup de souvenirs sont dans ma tête, d’enfance, de jeunesse, mais j’ai du mal à les écrire. Certains sont magnifiques, d’autres sont tristes et m’envahissent. 

Thérèse

🔹

Le souvenir émotionnel, nostalgique et apaisant de mon grand-père maternel qui me racontait les raisons pour lesquelles il avait quitté son Pas-de-Calais natal. Il ne voulait plus travailler au fond des mines de charbon, traumatisé par les morts prématurées de membres de sa famille, qui travaillaient à la fosse numéro 5 de Loos-en-Gohelle. Je buvais son témoignage, ce qui me donnait l’impression de vivre son vécu.

Josette

🔹

Pour être aimée … je prenais des fleurs dans une poubelle pour les offrir à la maîtresse d’école (les autres filles en apportaient bien). Pour être aimée… j’offrais des bonbons aux camarades d’école. 

Ma grand-mère paternelle, ses belles tartines de crème fraîche, de sucre et de fraises écrasées, le chocolat (Banania) qu’elle me réservait dans le bol de lait tiède. 

Aïe, Maman, M. E. m’a mordue !

Marie-Claude

🔹

Brèves de souvenirs

* Déjà économe !

Pour plusieurs Noëls : trains mécaniques que je remonte avec leurs clés.

Nouveau Noël : proposition parentale d’un train électrique ? Réponse : « Non ! Ça va user trop de courant »…

 **Hôpital 

Ponction lombaire enfant. L’infirmière : « N’enlève surtout pas le pansement ! »

Le lendemain « Où as-tu mis le pansement ? » Elle le retrouve sous le lit, naturellement.

 ***Petit puits de jardin 

Une planche pour ne pas tomber dedans. Suis monté dessus et tombé dans le puits…

 ****Raid à vélo 

Paris – Brest – Paris. Arrêt « Boulangerie ». Devant moi une dame demande « Un Paris-Brest » !

 *****Et bien d’autres …

Michel

🔹 

La montagne, le Morvan, les Pyrénées, les Alpes. 

La mer, l’Atlantique, la Méditerranée

Les personnes, le dessinateur des Beaux-Arts, le directeur de la colonie, la bibliothèque du lycée. 

Les incidents de parcours, césarienne, cancer

Des moments joyeux, les copains, les bals.

Les visites culturelles, les livres… 

Nicole

Laisser un commentaire

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑