La Maison perdue

Pour la toute première fois depuis la création de l’association, il y a plus de dix ans, À Mots croisés a proposé, cet automne, une journée d’écriture à ses écrivants : « Quand écriture rime avec architecture ». Annie Lamiral, intervenante, a choisi de l’organiser à Bazoches-sur-Guyonne, près de Montfort-L’Amaury. Pourquoi ? Parce que les ateliers hors les murs permettent non seulement d’ouvrir les imaginaires autrement, mais aussi de découvrir des lieux proches, des sujets, des illustres, tout proches de Bagneux ! 

L’atelier du matin s’est déroulé dans la Maison Louis Carré, grâce au soutien précieux d’Ásdís Ólafsdóttir, administratrice du lieu. Cette maison iconique est le fruit de la rencontre et de l’entente entre deux hommes d’exception, un marchand d’art et galeriste Louis Carré (1897-1977), et un architecte finlandais, Alvar Aalto (1898-1976). 

Dans un premier temps d’écriture, Annie a invité le groupe à construire un récit autour des perceptions et des émotions ressenties en découvrant ce lieu méconnu. À suivre le récit de Nicole.

La Maison perdue

L’automne faisait flamboyer bois et forêts. Il était riche en champignons cette année-là. Armée du bâton du grand-père je papillonne entre girolles cachées sous les feuilles et coulemelles bien visibles avec leurs longues tiges. Les jours raccourcissent vite et me voilà prise par la pénombre et un léger brouillard. Il est temps de rentrer, mais… dans quelle direction rejoindre Bazoches-sur-Guyonne ?…

Je suis perdue !… Je tourne, je vire. Aucun bruit pour me repérer. Si ! celui de mon cœur qui bat la chamade ! Au moment où je vais crier à l’aide : des lumières et une maison en haut de la pente entourée de curieux gradins d’herbe tout en arrondi. Ce n’est pas ordinaire… mais tant pis, je frappe à la porte. À côté de la porte, la gouttière est recouverte de bois du haut en bas. C’est curieux.

Un couple m’accueille très aimablement et me propose un bon café. En attendant, j’observe la grande pièce où l’on m’a fait asseoir : elle n’a rien à voir avec tout ce que je connais mais je la trouve belle et je m’y sens bien. Face à l’étonnement qu’ils lisent dans mes yeux, les propriétaires me proposent de visiter leur maison avant de me ramener au village.

On aurait pu l’appeler « La petite maison dans la prairie » mais c’est plutôt « La grande maison dans les bois » ou « Des vagues dans la maison » ! Ce sont les plafonds qui ne sont plus rectilignes mais arrondis en forme de douces vagues. Partout, beaucoup de boiseries : fines lattes collées sur les vagues des plafonds, tables qui s’allongent au long des murs, fenêtres et portes joliment ajourées, tables gigognes en forme de nénuphars… et, partout  « la lumière » !

On me montre les grandes baies vitrées modulables qui, de jour, peuvent vous offrir toutes les vues du parc. Elles éclairent en même temps les petites serres le long des vitres. Le jour peut passer par une trouée toute ronde dans un plafond, par une petite fenêtre orientée plein ouest pour capter les derniers rayons du soleil ! Il y a aussi, comme cette nuit, « les lumières ». De nombreuses lampes, toutes plus originales les unes que les autres, mais toujours avec des arrondis, comme de petits phares en mer. C’est magique !

Si j’habitais cette maison où « …tout est luxe, calme et volupté… » je me perdrais sûrement un peu dans les premiers temps. Les plans, les espaces, l’ameublement bousculent mes visions habituelles, mais tout est étrangement beau et harmonieux, du « Grand Art » ! Un regret… qu’il n’y ait qu’une seule maison de l’architecte, Alvar Aalto, en France !

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© Photo @annyelleparis

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