La métaphore suivante vous est proposée par Laurent. Elle risque de chambouler votre zénitude ! Vous êtes prévenu.e ! Bonne lecture !
Ambiance électrique
Puisque tu ne peux pas t’enlever de la tête, cette trop gentille cervelle, je dois prendre les mesures qui s’imposent. Depuis que nous nous sommes rencontrés, je ne cesse de t’insulter. A chaque fois que l’occasion se présente, je t‘adresse mes paroles les plus véhémentes et coupe court à toute conversation constructive. Je prends soin de choisir des mots particulièrement agressifs, violents, impertinents. Mais, tu t’obstines à faire la sourde oreille. Pour qui te prends-tu ? N’as-tu point entendu toutes ces paroles blessantes prononcées à ton encontre ? Je crois pourtant avoir fait preuve de suffisamment de sournoiserie. Mes menaces empruntes de mesquineries devraient soulever chez toi un vent de révolte. Mais il n’en est rien ! Tu ne daignes même pas me répondre. Tu me cherches ? J’ai été, il me semble, particulièrement explicite. J’attends de ta part une réaction digne de ce nom. Je veux un interlocuteur désobligeant, hypocrite, prêt à mettre de l’huile sur le feu. Il est temps que notre conflit s’envenime enfin !
– Je ne veux en aucun cas…
– Puisque tu as décidé de me pousser à bout, je prends en charge la matière grise souillée. J’ai pris l’initiative de calmer ton âme récalcitrante. C’est moi qui vais gérer l’excédent cérébral résistant. Peut-être croyais-tu berner l’assistance avec tes réponses douces et argumentées ? Je n’ai que faire de ta politesse déplacée ! Tu n’es qu’un faible, et heureusement que je suis là pour remettre un peu d’ordre. Je vais même de ce pas agir sur ton intellect pernicieux. Tu pensais échapper à l’emprise de ma conscience supérieure. Le plus fort doit se faire entendre. Tu l’as bien cherché ! Grâce à mon système d’exploitation neurologique, je peux rééquilibrer ton quotient bien trop élevé ; décision au combien légitime au vu de ton comportement inapproprié. Bientôt, ton encéphale relié à mes électrodes sera à ma merci. Es-tu sûr de ne pas vouloir changer d’avis ? Il est encore temps de me provoquer, de me dire des méchanceté, droit dans les yeux. Notre conflit peut encore éclater…
– Je ne souhaite que…
C’est ta dernière chance. Je compte utiliser mon courant démoniaque. Il est nécessaire au vu des circonstances. Il choquera ta cage à moineau. Attends-toi à une remise à l’échelle ! Vingt pour cent des données mémorisées seront compressées, le modulateur neurologique effectuant l’opération par défaut. L’encodage du message est simplifié et adapté au nouveau format. « Entre nous c’est la guerre et c’est tout ! » Tes neurones ont besoin d’être stimulés, tu me remercieras. Je commence le compte à rebours. Dans cinq secondes, les lobes frontaux seront défragmentés. Il ne me restera plus qu’à dépolariser les axones actifs, de manière à raccorder les zones inopérantes. Les replis sinueux nouvellement sollicités pourront ainsi aisément intégrer les nouvelles sommations algébriques. Fini l’indiscipline ! Je t’avais prévenu, puisque tu ne peux pas t’enlever de la tête ton raisonnement logique et judicieux nauséabond, et bien je m’en occupe. Les synapses désynchronisées favoriseront l’inertie cognitive. Je n’aurais plus qu’à baisser le seuil de rupture psychologique, en stimulant l’exocytose des neuro-intolero-excitateur. Ton comportement changera alors du tout au tout. Tes ambitions deviendront bestiales et primitives. Tes solutions auront des visées guerrières. Il faudra bien que tu admettes mes injonctions !
– Pourquoi un tel entêtement ? Nous pouvons peut-être envisager…
– D’accord !
Un casque à électrodes coiffe la victime bien intentionnée. L’appareillage est relié à un neuro modulateur, modèle β synchroniseur dernier modèle, provocateur du signal neuro-cynico, responsable des comportements les plus perfides. Des jauges affolées s’éveillent soudainement. Le moteur électrique se met en marche.
– 5…4…3…2… Tant pis pour toi ! 1.0 Tes réactions seront désormais en conformité avec mes interventions malsaines et injustes. Enfin un peu d’action ! Elles seront, j’en suis sûr, à la hauteur, de notre barbarie avenir.
Le manipulateur cérébral enclenche le processus. RRON…TZIIIG ! TZIIIG !
– Mais… que se passe-t-il ?
Le moteur, secoué par des soubresauts, étincelle, puis donne d’étranges signes de faiblesse. RRON… TZIIIG ! CLAC CHIII ! PLIC-PLOC ! BOOM ! Une fumée épaisse s’élève de la machine infernale. Le générateur de courant neuronal vient de comprendre la raison du dysfonctionnement. Le message « error » clignote sur un cadran désespéré. Rron… !
– Non mais t’as pas vu l’état de mes composants ! Tu ne pouvais pas faire attention ! Le sujet considéré porte un pacemaker ! Comment t’as-fait pour ne pas le voir ? Il est forcément visible sur le détecteur magnétique. L’aimant a modifié le champ unidirectionnel programmé. C’est malin ! Quel maladroit ! Y’a plus qu’à appeler le technicien. Rron… PLIC-PLOC ! Rron… PLIC-PLOC !
– C’est à moi que tu parles ainsi ?
Pendant ce temps, l’homme, délicat, au cœur affaibli, quitte le lieu de la dispute. Finalement, la querelle aura bien lieu, mais il n’est plus concerné. Heureusement, car la confrontation s’annonce dévastatrice.
– C’est à moi que tu parles ainsi maudite machine ? Jusqu’à preuve du contraire, les outrages sont de ma seule responsabilité. J’ouvre les paramètres avancés des modules intégrés du système centrale. Je click boîte de dialogue personnalisée. Et, je valide « me désintégrer ». Tu l’as bien mérité ! CLAC CHIII ! BOOM !
Le dompteur bagarreur semble inarrêtable. Sa détermination, elle, est infaillible. Arrivera-t-il à ses fins ? Où le conduiront ses manipulations électriques ? Saura-t-on lui résister sans provoquer d’échauffourées ?
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