C’est le poème de Louis Aragon « Il n’y a pas d’amour heureux », écrit en janvier 1943 et publié, en 1944, dans le recueil « La Diane française » qui a inspiré Annie.
Aragon a écrit ce poème à Lyon, chez un ami, lui aussi poète et résistant, René Tavernier, qui le cachait, ainsi qu’Elsa Triolet, pendant l’Occupation. Aragon y exprime sa conception de l’amour comme un absolu inaccessible. Il y fait également de nombreuses références à la Résistance, notamment dans la dernière strophe.
Ce poème, amputé de sa dernière strophe et ayant fait l’objet de changements mineurs, est mis en musique et enregistré par Georges Brassens en 1953. Aragon estimait que cette amputation était un contresens qui changeait toute la signification de son texte, poème de résistance et non simple chanson d’amour. Catherine Sauvage l’enregistre en 1955, en réintégrant la strophe amputée. La chanson a été reprise par de nombreux autres artistes : Barbara, Hugues Aufray, Nina Simone, Françoise Hardy, etc.
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Il n’y aura plus d’amour heureux
par Annie Lamiral
Elle aime les ailes des voyelles
Elle aime les consonnes qui résonnent
Elle aimerait lui écrire mille mots d’amour
Couleur de lait et d’insolence
En toute innocence
En toute insouciance
Il est trop tard
Au front, la mort l’a emporté
Elle va des mots tresser
Pour lui chanter ses larmes
Elle va des mots tresser
Pour dire « À bas les armes ! »
=== La photo représente une barrette en cuir bouilli que portaient autrefois les mineurs de fond, les gueules noires. Pour qu’elle soit stable, le mineur la faisait tenir grâce à une coiffe de tissu, appelée béguin, qui recouvrait toute sa chevelure. Cette barrette a été offerte à Aragon par des mineurs, suite à son combat, son engagement pour leur cause.
Petit rappel :
Au lendemain de la Libération, les mineurs qui ont fortement participé à la résistance à l’occupant, puis durement travaillé pour retrouver et dépasser les niveaux de production d’avant-guerre, ont le sentiment de ne pas voir leurs efforts récompensés, ne serait-ce que par un salaire suffisant. Ils déclenchent une grève en 1948.
La solidarité s’organise. Les intellectuels proches du PCF se mobilisent dont Aragon qui publie plusieurs articles engagés sur la lutte des mineurs dans le journal Ce Soir. Suite à ces publications militantes, il sera privé de ses droits civiques pour délit de presse.
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