Lors de l’atelier au Moulin de Villeneuve, Anne a, quant à elle, retenu ce vers de Louis Aragon :
« Ce jour que je t’avais perdu, et j’en parle »
extrait d’un poème méconnu paru dans « Les Chambres », publié en 1969, avec une courte postface, explicitement dédiée à Elsa – qui devait mourir moins d’un an après sa parution. « Les Chambres » est une longue méditation mélancolique où Aragon interroge sa vie passée et son amour fou et torturé pour Elsa, sa muse de toujours.
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« Ce jour où je t’avais perdue »
Par Anne Berthelot
Ce jour où je t’avais perdue, et j’en parle
Ce jour où tu n’es plus revenue, mon adorable
Le miroir de la chambre cherche désormais ton reflet
La pendule de la cuisine n’est plus le métronome de ton cœur à jamais
Le craquement de l’escalier sous tes pas me revient en mémoire
Tu étais les couleurs, moi j’étais le noir
Ce jour où je t’avais perdue et j’en parle
Ce jour où mon âme est devenue vulnérable
Orphelin de ton rire et de ta gaieté,
Le salon pleure ton essence évaporée
Les livres du boudoir cherchent encore l’empreinte de tes doigts ;
Mais aujourd’hui ma vie n’est plus la vie sans toi
Ce jour où je t’avais perdue et j’en parle
Ce jour où tout s’est arrêté, tel un maléfice ineffaçable.
Ma peau résonne encore de tes caresses,
Mon coeur de ton amour et de ta tendresse.
J’erre désormais, dans ces pièces décharnées,
Comme un fantôme aveugle, à la recherche du bonheur passé.
=== La photo représente le bureau d’Elsa Triolet ===
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