« Surprise »

Envie de découvrir la surprise que nous réserve Francine ?  Qui sonne à la porte ?

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 Je suis en cuisine depuis ce matin, pourtant je suis loin d’être une cuisinière assidue.

Mais aujourd’hui pour les 70 ans de papa, j’ai organisé un repas familial et pour lui, je ferai importe quoi, même me lever de bonne heure pour faire ce dîner.

J’espère que je ne vais rien oublier ; la salade avocat crevette pour l’entrée, le canard avec ses petits légumes de saisons pour le plat, salade de mâche accompagné du plateau de fromage, et pour finir en beauté, un tiramisu fraise, le régal de mon gourmand de père.

La sonnette de la porte retentit. Plongée dans mes casseroles, j’ai un sursaut de surprise. Mais enfin, je n’attends personne ! et je n’ai pas le temps de m’occuper des problèmes de ma voisine ! de l’entendre encore me rabâcher que son mari passe trop de temps à son bureau avec sa belle secrétaire ! qu’elle doit s’occuper seule de l’éducation de leur fils !

Je m’essuie rapidement les mains en marmonnant dans ma barbe, traverse la salle à manger ; « Mon dieu j’ai encore la table à mettre et la nappe n’est pas repassée !  » J’ouvre la porte, prête à faire taire au plus vite cet importun.

A mon plus grand étonnement, ce n’est pas ma voisine, mais une inconnue.

Elle se tient debout en face de moi sur le seuil, un dossier serré sur sa poitrine. Elle a l’air gêné, bredouille un petit « bonjour madame » que j’ai du mal à comprendre. Elle se présente : « Camille Tournier » et me demande de la recevoir car elle besoin de me parler de ma famille. Je suis agacée, je n’ai pas le temps de recevoir un représentant quelconque. Je la remercie mais lui dis que je ne suis pas intéressée et referme la porte.

Elle la retient de la main, insiste dans un bafouillage où j’arrive vaguement à comprendre qu’il s’agit de mon père.

– « C’est important, j’ai des documents à vous faire lire. Vous ne pouvez pas refuser de m’écouter. »

Je finis par être intriguée par son discours et son comportement. Je la laisse entrer et nous nous installons dans le salon.

La jeune femme a pris un peu d’assurance, elle se lance dans un discours contant l’histoire de sa vie. Elle a été élevée seule par sa mère, n’a jamais connu son père. Sa mère ne lui a presque rien dit de lui. Mais en grandissant elle a voulu en savoir plus sur ses origines paternelles. A force de questions, sa mère lui a enfin raconté la rencontre avec son amour de jeunesse et lui a donné quelques photos avec le nom de son père.

Après plusieurs années de recherche, suivant des fausses pistes, arrivant dans des culs-de-sac administratifs, elle a trouvé enfin l’adresse de ce père inconnu et de sa famille. Elle n’a pas eu le courage de se confronter à lui directement, trop d’émotion. Elle a préféré frapper à ma porte, espérant avoir une oreille complaisante de la part de sa demi-sœur.

Je suis complètement abasourdie. J’ai la tête qui tourne. Je suis barbouillée et en même temps, j’ai une colère sourde qui monte en moi. Je ne suis plus vraiment capable de réfléchir, d’avoir des pensées sensées. Je me demande si ce n’est pas une folle que j’ai dans mon salon. Ou bien, c’est moi qui devient folle ! Je ne comprends pas comment papa a pu avoir une aventure extraconjugale !  Avoir un enfant !  Ne jamais rien dire à personne ! Tout cela ne lui ressemble pas. Comment a-t-il pu l’abandonner et vivre comme si de rien n’était ?  Les questions se téléscopent dans mon esprit. L’incrédulité, du déni aussi. Et puis cette colère qui monte qui monte.

Camille a les larmes aux yeux, ses paroles sont saccadées; elle ouvre son dossier et sort les photos que sa mère lui a donnée. Elle me tend une photo de sa mère avec un homme, prise lors de leur rencontre. Ils sont jeunes.

Je la prends d’une main tremblante, je l’avance sous me yeux remplis de larmes. C’est comme un coup de poing ! Et une grande surprise. J’éclate de rire, je pleure de plus belle. J’arrive à dire entre deux sanglots : « Mais, c’est oncle Georges ! « 

Le poids sur ma poitrine se dégage un peu, je prends de grandes respirations.

Après quelques minutes pour reprendre mes esprits et comprendre la méprise, je peux enfin donner quelques explications à Camille. Georges, le frère aîné de  Papa, a eu une jeunesse agitée. Elle n’est pas ma sœur, mais ma cousine.

Nous discutons encore un long moment, je lui promets de parler à oncle Georges. D’organiser une réunion pour qu’elle fasse connaissance avec son père et avoir des explications sur son silence. Elle ramasse ses papiers et ses photos qu’elle range soigneusement dans son dossier. Je la raccompagne à la porte et nous nous embrassons chaleureusement. En retournant dans la cuisine je ne peux que constater que je suis très en retard pour le repas de ce soir.

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