« Drôle de boîte ! »

J-1

Noël 2020. On y est presque … et Annie a un petit cadeau pour vous ! Bonne lecture !

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Drôle de boîte

Depuis que j’avais intégré cette boîte de prêt-à-porter, j’allais de découverte en découverte. Normal, me direz-vous, quand on débute un nouveau boulot ! D’accord, mais cet épisode-là, je ne suis pas prête de l’oublier !

Début décembre, un mail des Ressources humaines nous invite au Pot de Noël pour nous remercier de notre travail et bla-bla-bla et bla-bla-bla et qu’il est prévu un « Secret Santa ». Dans la semaine qui suit, chacun tire au hasard le nom d’un collègue et lui prépare un cadeau entre 5 et 10 €. Le tout restant anonyme bien sûr ! 

Quelques jours avant Noël, nous voilà tous réunis autour du Directeur et d’un copieux buffet ! Il nous fait son petit discours, puis m’invite, en tant que dernière arrivée dans l’entreprise, à remettre les cadeaux ! Waouh ! Tous les yeux sont rivés sur moi quand je fais la distribution ! Puis, on entend un léger bruit de grelots, signal que nous pouvons déballer nos cadeaux. 

L’ambiance monte. « Je suis tellement content ! », « Suuuper, une carte cadeau ! » « Sympa, ce livre de poche, justement je voulais le lire ! » Les rires fusent à la vue de cadeaux insolites ou décalés ! D’autres s’amusent comme des gosses, secouent leur Tour Eiffel en boule de neige ou n’arrêtent pas de retourner une petite boîte qui fait meuh. Moi, je ressens déjà un léger malaise. L’emballage est soigné, le papier glacé, le ruban soyeux affiche le monogramme d’un maroquinier très célèbre des Champs-Elysées, très prisé de la clientèle asiatique. Discrètement, je me retire dans un coin de la salle pour défaire le nœud. Manque de chance, la boîte glisse par terre. Je pique un fard, ramassant le précieux objet à la hâte. Tout le monde se met à crier « Ouvre ! » Je m’exécute et aperçois un petit carnet avec une couverture en cuir, aux couleurs châtaigne, fermé par un bouton pression doré.

C’est alors que Pia, chargée de projets à la Compta, lance à l’assemblée : « On avait dit 10 € max ! » tandis que Lucien me prend le carnet des mains, l’ouvre et hurle en gloussant : «  C’est un agenda périmé depuis trois ans ! » Silence de mort dans la salle. Tout le monde cherche des yeux celui ou celle qui a osé m’offrir ce cadeau pourri. Je suis dépitée. Trop envie de chialer. Pia me console avec quelques-uns de ses chocolats tout en me chuchotant à l’oreille : « T’inquiète, je vais le retrouver celui qui t’a fait ça ! » Pour détendre l’atmosphère, le PDG nous invite à trinquer et déclare le buffet ouvert. Les suppositions et papotages vont bon train. « C’est une blague ? », « Tu crois pas que cela pourrait être… » , « Tu sais, c’est sans doute, Untel, il n’achète que des marques », « C’est vraiment honteux, la pauvre petite ! », « Y a un mufle ici ! » « Qui  a bien pu… », est sur toutes les langues ! Un radin ? Un plaisantin ? Un orgueilleux ? Un rustre ? Un distrait ? Terriblement vexée de cet affront public, je m’esquive sans demander mon reste. Je n’ai vraiment plus le cœur à la fête.

Quelle ne fut pas ma surprise au retour des vacances de Noël, de trouver un petit paquet, posé sur mon bureau. Identique à celui de décembre. Je le glissais dans mon sac pour aller l’ouvrir aux toilettes. Le cœur battant, je déchirais le papier, ouvrais la boîte puis restais un long moment à scruter sans y croire, à feuilleter les pages de l’agenda… de l’année ! J’avais les larmes aux yeux. Comme par hasard, Pia entra et me dit dans un large sourire : « Tu te souviens ? Je t’avais promis de le démasquer ! Tel est pris qui croyait prendre ! » Depuis cet épisode, nous sommes les meilleures amies, pourtant elle ne m’a jamais dit qui c’était !