« Le cadeau de Noël »

J – 2 

Suivons Carmen qui nous emmène au théâtre ! Bon spectacle ! Euh, non, bonne lecture !

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Le cadeau de Noël 

Le spectacle m’avait ébloui les yeux. Jamais encore, du haut de mes cinq ans, je n’avais assisté à un tel ravissement.

Tout, mais absolument tout, me paraissait merveilleux. A commencer par le superbe théâtre municipal de la ville de Clichy-la-Garenne, que je découvrais à cette occasion un peu spéciale.

A bien y réfléchir, la représentation n’était peut-être pas si extraordinaire que cela, mais lorsque vous découvrez ce décorum pour la première fois de votre jeune vie, tout est magique, tout est fantastique et bien plus encore.

Cette histoire de Noël avait commencé par un carton d’invitation de la mairie pour assister au spectacle de fin d’année qu’elle donnait tous les ans. Je ne sais pas pourquoi de nous trois, je fus la seule à m’y être rendue. Sûrement que ma qualité d’aînée avait dû peser dans la balance et le choix de mes parents.

Toute à ma joie, j’y allais, seule avec ma mère au pays des merveilles et des délices.

Car à l’issue de la représentation, à la fin du dernier numéro d’artiste, un fabuleux goûter fut offert aux enfants présents ce jour-là. Du chocolat savoureux, des brioches dorées, des mandarines juteuses à souhait et que sais-je encore, à profusion pour satisfaire les appétits insatiables des bambins émerveillés et gourmands.

Je voulais tout prendre, tout déguster, tout manger. En un mot, je me suis gavée de bonnes choses dont je n’avais pas l’habitude au quotidien. Là, c’était open bar version enfantine.

Et vint enfin, le moment ultime de la journée, le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau. La grande distribution des cadeaux de Noël. « Ne poussez pas les enfants, il y aura pour tout le monde, chacun aura le sien » Une gentille dame, dont je ne regardais même pas le visage, tant je lorgnais sur les paquets, je remis une boîte à l’emballage de circonstance, rose à paillettes d’argent. Elle était si grande qu’il me fallut ouvrir le plus large possible mes petits bras pour m’en saisir.

Fière, je refusais net que ma mère intervienne pour m’aider et je le portais, comme une grande, sur le chemin retour, sans broncher malgré le fait qu’il était lourd et encombrant.

Je m’imaginais déjà, arriver à la maison, déchirer fièvreusement le papier qui le recouvrait et jouer sans fin avec MON CADEAU. Mais, car il y a malheureusement un mais, c’était sans compter, sur les principes rigoristes de ma mère. Ce n’était pas encore Noël, alors hors de question de déballer quoi que soit avant l’heure. S’emparant manu militari, de la belle boîte, que j’avais portée de longues minutes, au prix d’un grand effort pour l’enfant que j’étais alors, elle la plaça en haut de l’armoire familiale. Désormais, mon cadeau était totalement hors de portée. Presque hors de ma vue.

J’eus l’âme fendue et le cœur brisé en mille morceaux, des miettes de douleur se répandant devant moi. Elle avait osé me prendre mon cadeau. Il était à moi, elle n’avait pas le droit de me le voler. Dès lors, un torrent de larmes submergea mes yeux. Mon désespoir était si grand que je pleurais durant des heures entières. Jusqu’à, ce que vaincue par la fatigue, je m’endorme toute secouée de spasmes et de sanglots.

Je ne sais plus ce qu’il y avait dans cette boîte. Une poupée et ses accessoires, une dinette. L’avais-je seulement déballée ? Là encore, mes souvenirs s’estompent sous les poids des ans et deviennent flous.

Je ne sais plus qu’une seule chose sur ce cadeau de Noël, c’est qu’il me causa mon premier grand chagrin de petite fille.

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