« L’éternel second »

Pour accueillir notre public sur Copaca’ Bagneux, Annie, l’animatrice d’A Mots croisés, était accompagnée de Nathalie, une écrivante de l’association qui n’a pas hésité à s’y préparer en se mettant en situation. Elle a ainsi imaginé ce récit en résonance de l’une des consignes d’écriture : se mettre dans la peau d’un athlète. Bonne lecture ! 

L’éternel second

Paris, ville des lumières, ville des amours. Me voilà sur la ligne de départ pour le mythique marathon des Jeux olympiques 2024.

42,195 kilomètres à parcourir, j’ai des fourmis dans les jambes et j’attends avec impatience le signal du départ. J’endosse le dossard n°4, pourvu que cela ne porte pas la gigne. Nous sommes tous alignés. La jambe droite devant afin de me placer dès le démarrage. Le starter retentit. La foule scande le nom des coureurs. Mes premières foulées me semblent lourdes mais je suis en tête de la course.

Au 10ème kilomètre, nous traversons le bois de Boulogne. Le ravitaillement est sans encombre. Toujours en tête.

25ème kilomètre. Je monte la rue de la Fontaine à Bagneux, une ville de cœur pour mon grand-père qui était un grand cycliste dans les années 60/70. Les spectateurs scandent mon nom.

40ème kilomètre, j’entends le souffle de mon adversaire derrière moi. J’essaie d’accélérer sur l’avenue des Champs-Elysées. Je devine la ligne d’arrivée.

Des pensées submergent mon esprit : moi qui ai toujours donné le maximum à l’entraînement et en compétition, je ne veux pas finir second. Mes jambes sont lourdes et je sens maintenant le souffle de mon concurrent dans mon cou.

Plus que 100 mètres. C’est long et court à la fois. Ne pas craquer, soulever ses genoux, bien dérouler ses pieds jusqu’au fessier. J’entends scander de plus en plus fort mon surnom qui est le même que celui de mon grand-père.

Mon adversaire casse son corps avant moi sur la ligne d’arrivée. J’entends la désolation du public : « Pauvre Poupou ! Comme son grand-père, il termine second avec le même panache ! »

Eh oui, mon grand-père est Raymond Poulidor, lui l’éternel second du Tour de France. Moi, je suis marathonien : tel grand-père, tel petit-fils.

Note de l’auteure

Raymond Poulidor a participé à la course cycliste de la Fête des Vendanges de Bagneux, dans les années 70. Le petit-fils est une pure invention.

Photo WikiCommons/René Milanese

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