Petite mise en bouche avec une citation d’Elsa Triolet :
« L’écriture, c’est comme les palpitations du cœur : cela se produit. Combien je la voudrais simultanée avec la pensée, combien je souhaiterais sauter sur les mots comme sur un cheval sauvage. »
Prêt.e pour une immersion virtuelle dans la bibliothèque d’Elsa Triolet et de Louis Aragon, riche de 30.000 livres ? Que lisait ce couple mythique ? Du 1er au 24 décembre 2020, la Maison Triolet-Aragon dévoile chaque jour une dédicace issue de la bibliothèque.
Rendez-vous sur leur site internet, leur page Facebook ou leur compte instagram
http://www.maison-triolet-aragon.com
Nous vous souhaitons de belles découvertes et de belles rencontres !
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Le bonus poétique
Nous vous invitons à la lecture de « Les Roses de Noël » d’Aragon, paru dans le recueil « La Diane française ». Ce poème fut publié au départ dans la clandestinité, pendant l’Occupation dans le journal « Le Mot d’ordre ». Il a été inspiré par les événements à partir de l’été 1941 : attentats contre l’occupant, exécutions sommaires… Il fit l’objet, pendant la guerre, de nombreuses réimpressions anonymes. Il doit sans doute son succès à la force des sentiments qu’il exprime et à sa forme de complainte populaire.
LES ROSES DE NOËL
Quand nous étions le verre qu’on renverse
Dans l’averse un cerisier défleuri
Le pain rompu la terre sous la herse
Ou les noyés qui traversent Paris
Quand nous étions l’herbe jaune qu’on foule
Le blé qu’on pille et le volet qui bat
Le chant tari le sanglot dans la foule
Quand nous étions le cheval qui tombe
Quand nous étions des étrangers en France
Des mendiants sur nos propres chemins
Quand nous tendions aux spectres d’espérance
La nudité honteuse de nos mains
Alors alors ceux-là qui se levèrent
Fût-ce un instant fût-ce aussitôt frappés
En plein hiver furent nos primevères
Et leur regard eut l’éclair d’une épée
Noël Noël ces aurores furtives
Vous ont rendu hommes de peu de foi
Le grand amour qui vaut qu’on meure et vive
A l’avenir qui rénove autrefois
Oserez-vous ce que leur Décembre ose
Mes beaux printemps d’au-delà du danger
Rappelez-vous ce lourd parfum des roses
Quand luit l’étoile au-dessus des bergers
Au grand soleil oublierez-vous l’étoile
Oublierez-vous comment la nuit finit
Lorsque le vent soufflera dans les voiles
Oublierez-vous la mort d’Iphigénie
Pleure la pourpre aux ailes des pâquerettes
Ou s’il y perle une sueur de sang
Oublierez-vous la hache toujours prête
Les verrez-vous avec des yeux absents
Le sang versé ne peut longtemps se taire
Oublierez-vous d’où la récolte vient
Et le raisin des lèvres sur la terre
Et le goût noir qu’en a gardé le vin
~~~Louis Aragon~~~
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