« Black-out » & « Divine Joséphine »

Ce sont deux récits, à la fois insolites et cocasses, que nous livre Carmen. Le premier présente l’événement, un fait divers, un lieu, un personnage. Le deuxième s’inspire du premier, mais Carmen a ajouté une tonalité à l’écriture. Bonne lecture ! 

« Black-out »

Vendredi 13, panne sur la ligne 13. En pleine heure de pointe matinale, une vaste coupure de courant a affecté la quasi-totalité de cet axe majeur pour les parisiens, provoquant par la même, bousculades, colère des usagers et un événement des plus inattendus.

En effet, c’est l’instant qu’a choisi Julie Martin, 30 ans, pour donner le jour à son premier bébé. Avec le concours d’une infirmière présente sur les lieux, une petite fille, pressée de venir au monde, est née sur le quai de la station Gaité.

Celle-ci venant tout juste d’être rebaptisée, « Joséphine Baker », c’est ce charmant prénom que la jeune mère choisit pour son bébé. « Signe du destin », déclare l’heureuse maman.

Une enquête approfondie pour déterminer les raisons de cette panne, met en cause un chat qui ayant attaqué un sapin de Noël trônant dans le salon d’un appartement, quartier du Montparnasse, a occasionné plusieurs heures de black-out.

« Divine Joséphine »

Il est revenu le temps des arbres dans le salon du 53 rue Froidevaux. Décembre, mois du sapin. Archibald, 5 ans, ne supporte pas cette période de l’année où il se sent agressé par l’intrus végétal. Il se dit qu’il n’y en a plus que pour le machin vert et que lui s’estimant le roi de ces lieux, se sent relégué au second plan par sa famille. Pire encore !! Elle ne prend plus que lui en photo. « Instagrammable ». Voilà en substance qu’est obligé d’entendre Archibald à tout instant de la journée. Et ça, il ne le comprend pas bien. Une attitude qui le dépasse complètement.

Alors, depuis, il passe le plus clair de son temps à observer l’imposant Nordman. Ce sera moi ou lui songe Archie. Comment pourrait-il donc procéder afin de se débarrasser de cet inopportun qui lui dévore tout son espace de vie. Il ne peut plus étaler ses affaires à sa guise. Pour preuve, son panier de jouets a été changé de place. Quelle honte et quelle sourde colère au fond de son cœur. C’en est devenu insupportable et il cherche un moyen pour le faire savoir. Tiens, cette nuit je vais recommencer à faire pipi, comme lorsque j’étais petit !! et ce sera bien fait pour eux se dit-il dans son for intérieur. Et s’ils s’obstinent j’irai crescendo dans mes actions.

Décidément, Archibald n’est pas du style à renoncer devant l’adversité. Quand il a décidé quelque chose, il va au bout de ses idées et même si elles doivent un jour le mener tout droit en prison, il fonce malgré tout, bille en tête. Excessif ? A peine, tant il n’en peut plus. Cette année, il ne laissera pas faire. Terminée la tyrannie imposée chaque hiver. Trop c’est trop et la coupe déborde. Avant il n’en avait pas force physique mais c’est différent cette année. Avec le confinement il a pris des forces inespérées.

Ce matin, il y a de la grasse matinée dans la chambre parentale. Ils se sont couchés tard la veille. C’est l’occasion rêvée pour passer à l’action. Archibald ne tergiverse pas. Cette fois, c’est la bonne. D’abord arracher un max de ces choses qui étincellent comme du toc. C’est rond, c’est clinquant, c’est moche. Il y en a un sacré paquet, les efforts que ça a dû leur demander pour tout accrocher. Ah les idiots, ils y ont passé un temps, tout à l’heure ils vont avoir un de ces chocs !!

Et pour continuer ces drôles de fils qui un coup éclairent, un coup s’éteignent. Voilà arrachés !!  Et avec mon épaule, le coup fatal. Leur sublime sapin vient de faire un malaise. Tiens, je vais le réanimer à ma façon. Je vais pisser dessus, histoire de le réveiller l’épineux moribond. Oups des étincelles ! Eh bien voilà, là au moins c’est joli et ça ressemble un à un feu d’artifice. Et à domicile en prime. Elle n’est pas belle la vie ?

Dans la station « Gaîté » toute proche, une soudaine panne de courant vient d’immobiliser une rame du métro, ligne 13. Une coupure aussi brutale qu’inattendue et voilà que tout est à l’arrêt. C’est le moment que vient de choisir Julie Martin, 30 ans, pour ressentir les premières douleurs de l’enfantement. Panique générale sur le quai. On crie, on court, on appelle à l’aide. Une infirmière se rendant à l’hôpital Necker prendre la relève de la nuit, intervient promptement pour assister la jeune femme. Et c’est ainsi que naquit Joséphine dans la station de métro du même nom. Par la grâce du ciel, dit sa mère, par la pâte diabolique d’un chat, disent les autres.

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