« L’annonce »

Poursuivons aujourd’hui nos récits autour de  «Un événement » avec celui d’Annie. Sa nouvelle brève devrait au final vous surprendre ! Bonne lecture !

L’annonce

Jean-Yves Dubois raccroche le téléphone. A la fois, irrité et soucieux. La journée commence mal. Deux assistantes sont malades. Quant à Pauline en congé de maternité depuis trois semaines, toujours pas remplacée ! De rage, il ouvre grand la fenêtre de son bureau pour respirer une bouffée d’air frais. Dans la cour de l’école maternelle voisine, c’est l’heure de la récré. Les enfants jouent à chat perché ! Oooh, non ! Bon, allons-y, il faut que je lui dise, pense-t-il.

Il file au bout du couloir en direction de l’open space. « Viviane, suivez-moi, s’il vous plaît ! » Elle se lève, époussette sa jupe noire encore pleine de poils de Roussette, son adorable petite chatte qui a encore squatté ses girons au petit-déjeuner ! Pour une fois qu’elle est convoquée chez le patron. Il faudra qu’elle pense à apporter une brosse au bureau. Elle hâte le pas derrière lui, craignant le pire. Aurait-elle fait une erreur dans un contrat ? Dans une facture, peut-être ? Il veut sûrement la mettre à la porte. Non, c’est pas possible ! A trois semaines de Noël ! 

« Asseyez-vous, Viviane ! Voulez-vous un café ? Un thé? » Elle le regarde, effarée. « Il faut que je vous dise, Viviane… » Elle est maintenant livide, recroquevillée sur sa chaise, sur le point de craquer. Va-t-elle s’effondrer en larmes ? Ou s’évanouir ? « Il faut que je vous dise, Viviane, je viens de recevoir un appel… de votre mari… reprend-il, d’un ton des plus solennels. Il fait une pause et poursuit d’une traite : « … Rentrez chez vous, Viviane ! Le petit chat est mort ! »

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« Le petit chat est mort » est un vers de la pièce L’École des femmes, une comédie de Molière en cinq actes, créée au théâtre du Palais-Royal, le 26 décembre 1662.

Extrait Acte II, Scène 5

ARNOLPHE

La promenade est belle.

AGNES 

Fort belle.

ARNOLPHE

Le beau jour !

AGNES

Fort beau.

ARNOLPHE

Quelle nouvelle?

AGNES 

Le petit chat est mort.

ARNOLPHE

C’est dommage; mais quoi ! 

Nous sommes tous mortels, et chacun est pour soi. 

Lorsque j’étais aux champs, n’a-t-il point fait de pluie?

AGNES 

Non.

ARNOLPHE 

Vous ennuyait-il?

AGNES 

Jamais je ne m’ennuie.

ARNOLPHE 

Qu’avez-vous fait encore ces neuf ou dix jours-ci?

AGNES 

Six chemises, je pense, et six coiffes aussi.

ARNOLPHE, ayant un peu rêvé.

(…)

Pour mémoire : 

Nous fêtons, cette année, les 400 ans de la naissance du célèbre dramaturge français.

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