« Quatre-temps »

Pour clore la série de récits autour d’ « Un événement », nous vous proposons des brèves signées Maximilien. Bonne lecture !

« Quatre-temps »

Juste un doigt

Monsieur le Maire, d’un âge invérifié sur Wikipédia, se fend d’un doigt. D’honneur, bien entendu, mais aussi de honte. Dans un élan républicain, le majeur, dirigé contre l’infâme bolchevik des marchés, atterrit dans l’œil de celui qu’on ne reverra pas de sitôt. Du moins, pas avant les prochaines élections.

Pas d’équité, pas de café

Emmanuel Micron annonce la terrible nouvelle. Partout, en France, en Europe, et dans le monde, les machines à café ne coulent plus. La matière première ne manque pas, les petites mains exploitées non plus. Mais les machines à l’unisson refusent de fonctionner. Du percolateur à la dosette, de Bialettià Senseo, l’inaction est unanime. Depuis, sous les masques, la mauvaise haleine n’est plus.

Juste un bond

La rumeur court dans les écoles de Montigny-le-Bretonneux. Léo, haut comme trois pommes, annonce à qui veut l’entendre qu’il suffit de dépasser les 30 km/h sur une trottinette pour disparaître dans une autre dimension. Partout, au centre commercial, au cimetière, sur la place du marché et jusqu’au boulevard Vauban, les trottinettes surgissent à toute vitesse. Un arrêté préfectoral sonne la fin de la récréation, mais c’est avant tout une autre rumeur qui chasse la première. Monsieur le Maire, sur sa trottinette motorisée, en descente, après un bon repas, et aidé d’une valise pleine de billets : il fait une pointe à 42 km/h, bondit sur un dos d’âne et disparaît.

Je sais qui t’es

Devant le kebab, un type mal peigné, et sa femme pas vraiment réveillée, attendent leur tour pour commander une mitraillette sauce samouraï. Derrière eux, sur leur caisse (Nissan Juke), des pigeons. Le kebabier prend la commande. Sur son comptoir, un pigeon. Et un commentaire, en passant : 

« Je sais qui t’es, chef.

— Salade, tomate, oignons, répond le mal peigné par réflexe. 

— Chef, je sais qui t’es »

La pas vraiment réveillée secoue le mal peigné à coup de on te cause. Le kebabier ne prend pas ombrage, il est déjà en train de faire cuire sa viande, de jongler avec les rondelles de tomates et de découper son papier d’alu avec la précision d’un chirurgien un peu aviné mais expérimenté avant tout. Dehors, toujours plus de pigeons. Sur toutes les caisses de la rue. Des pigeons à n’en plus finir. Le mal peigné daigne tout de même répondre : « Comment ça, tu sais qui je suis ? ». Il tapote le comptoir avec un air vaguement menaçant. La mitraillette tombe lourdement dans son sac plastique déjà graisseux. : « C’est pour moi, chef ». Le mal peigné et la pas vraiment réveillée quittent le kebab en enjambant les pigeons.

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