« La vie d’Arlette Belond »

Démarrons notre série de « Biographèmes » avec celui d’Annie qui a choisi de vous faire entrer dans l’histoire par les émotions. Bonne lecture de son récit fragmenté ! 

La vie d’Arlette Belond

Fierté 

Arlette n’aime pas la géographie. Elle excelle en orthographe et en calcul mental ce qui lui permet d’obtenir brillamment son certificat d’études. Un diplôme que ses parents n’ont pas réussi à décrocher. Ils comptent sur elle pour gérer le magasin : «  Aux Délices de la mer ».

Moquerie

Arlette rentre en CM2. Monsieur Legrand, son nouvel instituteur, fait l’appel en demandant la profession des parents. Il ne peut s’empêcher de ricaner quand Arlette annonce que son père est ostréiculteur et sa mère poissonnière. Arlette lui rappelle que son nom se finit par un « D ». Vexé, Monsieur Legrand corrige la liste.

Colère 

Arlette fait une scène à son mari volage, Robert. Il a oublié qu’elle avait, hier, son anniversaire. Trente ans. Quand il rentre sur la pointe des pieds, au petit jour, il prétexte une fin de chantier bien arrosée. Elle enrage. Elle veut savoir. Tout. Il finit par avouer qu’il la trompe avec la fille de la boulangère. Qu’elle est enceinte de lui ! Une gamine d’à peine dix-huit ans ! Dépitée, Arlette le jette dehors avec toutes ses affaires !

Agacement 

Arlette est en plein déballage. C’est jour de marché à Kertudy. Qui sait si la clientèle sera aujourd’hui au rendez-vous par ce froid polaire ? Josette est d’humeur bougonne. Il y a des jours, elle en a sa claque de ce boulot. Plus de trente ans déjà que cela dure ! Un homme, bien mis, pardessus gris et chapeau de feutre, petit cartable en cuir noir à la main, gantée, l’interpelle. Il a des choses importantes à lui dire. Mais elle n’a pas le temps ! Faudra qu’il attende la fin du marché ! 

Tendresse

Arlette ne part jamais en vacances. Un peu comme les enfants de l’orphelinat du village qui sont là, à longueur d’année. Elle les aime bien, surtout le petit Jean-Luc qui veut tout savoir sur les espèces de poissons, de crustacés, la pêche… Quand il rentre de l’école, il passe la voir. Elle répond patiemment à toutes ses questions et lui offre toujours un cornet de crevettes grises. 

Nostalgie 

Une tempête a ravagé la Bretagne. La poissonnerie est dévastée. Dans les décombres, Arlette retrouve un cadre avec une photo en noir et blanc. Elle y est assise sur les genoux de sa mère. Son père se tient debout derrière elles. Arlette verse une larme et se remet au boulot. Pour oublier !

Sidération 

Arlette écoute l’homme au chapeau du marché. Un notaire. De Paris. Il parle d’un homme d’affaires, ayant fait fortune dans l’immobilier et sans aucune descendance, qui l’a désignée comme légataire universelle. Ce généreux donateur n’a jamais oublié qu’elle lui donnait un cornet de crevettes grises quand, écolier, il passait devant son magasin avant de retrouver son foyer d’enfants. Lui qui était orphelin, avait l’impression d’être aimé, d’avoir une mère ! Arlette est abasourdie : Jean-Luc lui lègue 14 millions de francs !

Bonheur malheur 

A dix-huit ans, Arlette se marie avec Robert, un maçon qui travaillait sur le chantier de reconstruction de la poissonnerie. Deux ans plus tard, elle apprend qu’elle est stérile. Il lui faudra se consoler avec les enfants des autres…

Générosité

Arlette se sait condamnée. Cancer généralisé. Elle prend ses dispositions. Une partie de son capital ira à son village pour construire un marché couvert à poissons. L’autre ira à l’orphelinat pour que, l’été, les enfants partent quelques jours en vacances. Elle décède le 14 septembre 1965.

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