C’est dans les souterrains parisiens que Louise vous emmène aujourd’hui pour vous raconter un mensonge, lourd de conséquences ! Bonne lecture !
Des touristes sous Paris
Lorsque la lampe de mon téléphone indiqua « batterie faible », nous comprîmes que notre exploration des catacombes allait très mal tourner. Nous étions rentrés depuis plusieurs heures, par un trou creusé dans un tunnel, près d’un amas de déchets, et nous avions marché, souvent pliés en deux, dans des galeries partiellement inondées, décryptant le plan basse définition trouvé sur Internet qui ne nous indiquait que les grands axes.
Nous avions dû rebrousser chemin, car, dans un large tunnel qui semblait conduire vers le Nord du réseau, le niveau de l’eau montait tellement qu’il atteignait nos épaules et nous ne savions pas si, quelques pas mètres loin, il n’allait pas recouvrir nos têtes.
Heureusement, des plaques gravées dans le calcaire portaient le nom des rues au-dessus et nous confirmaient parfois que notre route n’était pas trop mauvaise. Mais nous aurions dû nous équiper de frontales au lieu de considérer que nos téléphones suffiraient. J’avais si peu d’argent de poche que je m’étais refusé cet investissement. Je m’étais dit aussi que nous ne resterions pas si longtemps, j’ignorais que nous allions suivre tant de détours.
Fatigués et hésitants sur le prochain embranchement à suivre pour retrouver la surface, nous entendîmes au loin le fracas d’une musique rythmée, suivie par le scintillement d’une lampe. Un jeune homme surgit, tout au sec grâce à de grandes cuissardes de pêche, et sans doute aussi grâce à sa connaissance des lieux qui lui permettait d’éviter les galeries noyées. Il faillit filer sans nous dire un mot mais je l’arrêtai. Il nous salua d’un air à la fois intrigué et dédaigneux.
Sans me soucier de son attitude, je lui demandai le chemin de la sortie la plus proche. Il vit notre effroi et se radoucit, et prit le temps de tout nous expliquer.
- Droite au bout de la rue de la Voie Verte puis droite sur l’avenue d’Orléans quand on aperçoit un large carrefour à quatre chemins, c’est bien ce qu’il a dit ? répétai-je à chaque fois qu’un embranchement se présentait à nous, inquiète d’oublier les indications de notre sauveur.
Nous suivîmes scrupuleusement la route qui nous tirerait de là. Mais le fond de l’avenue d’Orléans me parut familier… L’eau montait au fur et à mesure que nous avancions, et nous finîmes par reconnaître la galerie inondée qui nous avait fait rebrousser chemin. Mon compagnon d’exploration poussa un cri de désespoir, et, déconcentré par cette déconvenue, il buta sur une pierre et trébucha dans l’eau. Son téléphone émit un grésillement assez surprenant et s’éteignit. Il ne nous restait plus donc que la torche de mon propre cellulaire avec dix pour cent de batterie pour nous sortir de là, ainsi que notre courage et la colère d’avoir été dupés si aisément.
…Voici donc comment nous fîmes la une d’un journal parisien : « Deux adolescents égarés dans les catacombes retrouvés dans le noir complet 48 heures après ».
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