Il était une fois…
Le dernier atelier de la saison 2018-2019 se devait d’être festif et les écrivants ont été invités à s’amuser, à se lâcher en détournant les contes de leur enfance ! Il s’agissait de faire écho au thème de l’édition 2019 de « Si t’es môme », dans le cadre de la Fête des Vendanges qui s’est tenue, les 28 et 29 septembre dernier.
A partir des célèbres contes de Grimm, Perrault, Andersen ou de de contes moins connus, régionaux ou étrangers, les écrivants devaient imaginer de nouvelles péripéties ou détourner les personnages, tout en gardant certains codes spécifiques aux contes. « Il était une fois », « tout est bien qui finit bien », les rois et les princesses, les belles-mères et les sorcières… nombreuses sont les « figures obligées » de cette forme littéraire ! Les écrivants pouvaient aussi choisir de mêler les personnages de plusieurs contes ou de jouer avec les mots comme dans « La belle lisse poire du prince de Motordu » de Pef. Au fil des jours, nous allons vous proposer nos contes revisités. Bienvenue dans ce monde merveilleux !
Commençons par « Bleuet », le conte revisité par Danielle.
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Il était une fois une jeune fille très jolie, qui faisait la fierté de sa maman. Elle avait pris l’habitude de l’habiller tout en bleu, car elle trouvait cette couleur très chic. Elle ne sortait jamais sans son trench-coat bleu marine, ce qui lui avait valu le surnom de Bleuet. Les garçons de la cité se moquaient d’elle, mais à distance, car elle pratiquait le judo.
Un après-midi d’automne, sa mère lui demanda d’aller porter à sa grand-mère une tarte au citron, dont elle était friande. Bleuet rechigna, car elle avait prévu d’aller au cinéma avec sa meilleure amie. Mais comme elle aimait bien sa grand-mère, elle se mit en route vers l’arrêt de bus le plus proche.
En attendant le 188, un jeune homme la héla : « J’ai grave envie de ton gâteau », en lui montrant le carton qu’elle tenait à la main.
« Ça aurait été avec plaisir, mais une autre fois peut-être. Là je vais porter cette tarte au citron à ma grand-mère, Porte d’Orléans. » Elle grimpa dans le bus qui arrivait, sans remarquer que le jeune homme, qu’elle trouvait assez séduisant, la suivait.
Arrivée Porte d’Orléans, elle se dirigea vers le numéro 36 de la rue d’Alésia, où habitait sa grand-mère. Zut, c’était quoi le code déjà ? Elle sortit son portable, et appela sa grand-mère, qui s’énerva un peu : « Tu n’as donc pas de tête, ma pauvre fille ! », mais se radoucissant lui donna le sésame.
Elle s’engouffra dans l’escalier jusqu’au deuxième étage, où sa grand-mère l’attendait sur le pas de la porte. « Entre donc, Bleuet » lui dit-elle en souriant. C’est à ce moment là que le séduisant jeune homme surgit, et voulut s’emparer de la tarte au citron. Le sang de Bleuet ne fit qu’un tour. On ne vole pas la tarte au citron de sa grand-mère !
Posant le carton à terre, se mit en position et d’un « o soto gari » une prise de « ashi-waza », elle envoya valdinguer le pas si séduisant jeune homme à terre, qui malheureusement atterri sur le carton à gâteau. Il se releva, et détala sans demander son reste.
Bleuet, remise de ses émotions, n’avait plus qu’à aller chez le pâtissier le plus proche, se maudissant d’avoir proposé une part de tarte à ce malotru. On ne l’y reprendrait plus d’être aimable avec un inconnu !
Illustration : « Le Petit Chaperon Rouge », installation de Johnathan Watts, MEG, Genève (Suisse)
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